Comment faire de la colline Parlementaire un lieu attrayant et vivant? C’est la question sur laquelle se sont penchés quatre étudiants de l’École Supérieure d’Aménagement du territoire et de Développement régional (ESAD) de l’Université Laval. En s’appuyant sur les représentations de l’espace vécu par les résidents et les usagers de la colline, ils proposent une solution d’aménagement centrée sur l’individu.
Située sur l’ancien Faubourg Saint-Louis, la colline Parlementaire est un territoire un peu flou, au croisement de Saint-Jean-Baptiste (avec lequel elle formait auparavant un ensemble homogène), de Montcalm, des Plaines et du Vieux-Québec. Un quartier hyper-central, dont les liens avec les quartiers adjacents ne sont plus naturels, suite notamment à la rénovation urbaine des années 1960 et 1970. Le Faubourg Saint-Louis fut entièrement rasé, pour laisser place à l’automobile, et à l’érection de bâtiments institutionnels tel que le Complexe G ou le H, et de complexes hôteliers de grande hauteur. La réouverture du plan particulier d’urbanisme (PPU) à l’automne dernier, pour répondre à des demandes spécifiques de promoteurs immobiliers, fut l’occasion de s’interroger sur les obstacles qui ont empêché de revaloriser le secteur tel qu’initialement prévu en 2010, lors du premier PPU.
L’étude menée par les étudiants de l’ESAD indique clairement les obstacles à l’appropriation des espaces, tel que vécus par les résidents et usagers. Si le quartier est perçu comme central, et présente une grande concentration d’activités, il est totalement déconnecté des espaces limitrophes:
- Des liens inexistants avec Saint-Jean-Baptiste, des intersections difficiles, voire dangereuses pour les piétons;
- Un espace marqué par des corridors de vent;
- Les ruptures importantes causées par le boulevard René-Lévesque et Turnbull;
- L’absence de connectivité avec Cartier;
- La priorité accordée à l’automobile;
- Des espaces fréquentés l’été, mais déserts le reste de l’année ou à certains moments de la journée.
Le concept d’aménagement
Les souhaits exprimés par les usagers interrogés visent le développement du résidentiel, des logements abordables pour les familles, et plus de transports actifs pour favoriser les piétons et les cyclistes. Pour y répondre, la proposition d’aménagement vise à paver la voie à la création d’un véritable milieu de vie, selon les critères suivants:
- Renforcer la perméabilité du secteur en favorisant la mobilité active;
- Faire du secteur un lieu animé en toute saison
- Renforcer et mettre en valeur l’identité culturelle du territoire;
- Renforcer la fonction résidentielle et soutenir la cohabitation harmonieuse entre les diverses fonctions du territoire;
- Faire de la rue Jacques-Parizeau (anciennement rue Saint-Amable) un axe structurant à l’échelle locale.
De Cartier à la Porte Saint-Louis, l’axe est imaginé comme une suite logique, en six parties, afin de “ramener la colline Parlementaire à l’échelle humaine et en faire un lieu phare de l’identité et de la culture nordique”.
Afin de reconnecter la colline à Montcalm, la partie de Fraser à Maisonneuve serait ponctuée de différents attraits et d’oeuvres d’art urbain. Autour du Grand-Théâtre, les intersections seraient remodelées pour être plus sécuritaires. La rue Claire-Fontaine qui longe le Grand-Théâtre disparaîtrait pour faire du Parc de l’Amérique française un espace vert d’un seul tenant, ponctué d’aménagement. Les bus seraient centralisés dans un seul terminus au lieu de stationner tout autour du Grand-Théâtre.
La construction de bâtiments proposant une mixité de service pourrait répondre aux besoins des résidents, tout en isolant le terminus de bus des espaces verts. La rue Jacques-Parizeau, entre le Parc de l’Amérique française et le Parc de la Francophonie deviendrait piétonne au complet, aménagée pour être agréable pour les passants. Cette proposition rejoint d’ailleurs une résolution émise par le Conseil de quartier Vieux Québec Cap Blanc Colline Parlementaire l’année dernière, lors du changement de nom de la rue Saint-Amable, qui visait à l’embellissement de la rue.

Proposition d’aménagement autour du Grand Théâtre. Source: ESAD.

Proposition d’aménagement autour du Parc de l’Amérique française. Source: ESAD.
Que pensez-vous de cette proposition?
Utopique ou audacieux, je risque cette suggestion de projet qui serait emballant pour ce quartier qui n’en n’est plus un: avec l’accord de la Ville et du gouvernement du Québec, vider graduellement les bureaux du complexe G et les transférer dans de nouveaux quartiers périphériques. Transformer le complexe G en immeuble résidentiel de plusieurs types: condos de luxe au sommet pour financer l’ensemble, logements locatifs de tous genres, grands, petits, chers, abordables, coopératifs, etc.
Implanter un vrai marché d’alimentation au rez-de-chaussée (immense) et des bureaux et commerces de proximité. C’est presque la création d’une petite ville. Impact majeur sur la réduction du traffic aux heures de pointe (1,550 espaces de stationnements sous-terrains). La vie reprendrait. Je rêve, je sais, mais pourtant…
Une rue Jacques-Parizeau piétonne est certainement complémentaire au projet de rue partagée sur La Chevrotière du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste. Ces deux projets seraient surement un moyen efficace de recréer la connectivité perdue entre Saint-Jean-Baptiste et la section au sud de René-Lévesque.
Attention de ne pas faire comme sur la rue piétonnière « Prince-Arthur » à Montréal, où le ou les concepteurs du nouveau design ne semblent pas avoir tenus compte du climat du Québec, c’est-à-dire les six mois de neige présente dans ces endroits qui deviennent difficiles d’accès, alors que c’est tout le contraire qui était prévu, souhaité.