Mercredi 14 novembre à 11 heures, le conseiller municipal Jean Rousseau avait donné rendez-vous aux médias, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, à l’angle de la rue La Tourelle et de la côte Sainte-Geneviève. Il souhaitait détailler l’avis de proposition déposé par ses soins au Conseil de Ville du 5 novembre, avec l’appui de son collègue de Montcalm Yvon Bussières.

L’avis de proposition du conseiller du district Cap-aux-Diamants, dans lequel se trouve le Faubourg Saint-Jean, vise à doter la Ville de Québec d’une Commission des services électriques, et que la Ville « adopte un plan d’enfouissement des fils électriques pour les quartiers centraux et les arrondissements patrimoniaux ». Jean Rousseau était accompagné de François Marchand (avocat en droit municipal, et par ailleurs… ancien concurrent de Jean Rousseau et Anne Guérette lors des municipales de novembre 2017), ainsi que de Michel Beaulieu, résident du Faubourg, et présenté comme « citoyen engagé » (1) par le conseiller Rousseau.

« Les citoyens de Saint-Jean-Baptiste demandent depuis longtemps l’enfouissement des réseaux électriques dans leur quartier, et je compte bien les appuyer activement. Notre avis de proposition porte sur la création de la Commission des services électriques, telle que stipulée dans la Charte de la Ville de Québec. C’est une première étape », a-t-il précisé. Jean Rousseau faisait référence au tout premier des dix attendus de son avis de proposition du 5 novembre, qui devrait être examiné lors d’un prochain Conseil de Ville.

Au lendemain du premier déneigement de la saison, et qui plus est selon le nouveau RVQ relatif au stationnement, c’est-à-dire avec 90 minutes supplémentaires d’interdiction de stationnement le soir et 60 minutes supplémentaires le matin, ce point de presse en plein air permettait de constater que les résultats, sur les trottoirs équipés de poteaux, n’étaient pas meilleurs que les hivers précédents.

Ironie du sort, la rue La Tourelle, où se tenait cette brève rencontre, était interdite de circulation, y compris piétonne, à moins de cent mètres de là pour cause… d’installation d’un poteau supplémentaire. Par cette fraîcheur digne du temps des fêtes, aggravée par le vent, le lecteur du Bourdon comprendra sans doute l’absence de photographie de cette installation intempestive, mais probablement nécessaire, vu la vétusté de beaucoup d’«utilités publiques».

Et justement, expliquait Michel Beaulieu, «les poteaux électriques sont des voisins désagréables, particulièrement dans notre quartier. Les rues sont étroites […] les trottoirs ne sont pas déneigés et nous sommes obligés de marcher dans la rue». EEn complément, Jean Rousseau expliquait que, sur les dix kilomètres de voies que contient Saint-Jean-Baptiste, moins d’un kilomètre avait été enfoui.

Quant à François Marchand, il s’appuyait surtout sur des arguments juridiques et techniques. Il expliqua entre autres que la Ville s’est dotée d’une Charte prévoyant en son chapitre X (alinéas 134 à 145) l’enfouissement des fils. Il ajoutait que les coûts pouvaient être réduits en étant répartis aussi sur les propriétaires et utilisateurs des poteaux -citant entre autres Hydro Québec et Vidéotron- et que « depuis 1910 la Commission des services électriques de Montréal (CSEM) s’emploie à promouvoir et à favoriser l’enfouissement des réseaux câblés sur tout le territoire de la Ville, en coordonnant les efforts de tous les intervenants. Pourquoi ne pas en faire autant? ».

Selon Jean Rousseau, un enfouissement total des réseaux du quartier Saint-Jean-Baptiste pourrait être réalisé dans un horizon de quinze à vingt ans. Une estimation datant d’il y a dix ans monte à 80 millions de dollars les dépenses à engager pour l’ensemble de Saint-Jambe, mais Jean Rousseau pense qu’il serait possible d’obtenir des subventions et François Marchand a estimé que les utilisateurs des poteaux (fournisseurs d’Internet, de télévision, de téléphonie, et d’électricité) devraient prendre leur part. Avec la Ville, on peut avoir parfois des (possibles) bonnes nouvelles, parfois des mauvaises (2).

Il est clair que des trottoirs plus praticables seraient fort appréciés des résidents comme des touristes, que les risques de pannes d’électricité en seraient atténués, et que l’architecture si particulière de notre quartier n’en aurait que plus de visibilité et d’attractivité.

Interrogé par une consœur sur ses souhaits de briguer à nouveau la chefferie de Démocratie Québec -étiquette sous laquelle Jean Rousseau est élu- François Marchand n’en a pas caché son envie.

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(1) Michel Beaulieu est notamment le coauteur du documentaire sur le Bassin Louise, sorti en 2018’et présenté cet été par la SDC Quartier Saint-Jean-Baptiste et cet automne par le Conseil de quartier de Saint-Jean-Baptiste.

(2) À l’automne 2014, un administrateur du Conseil de quartier avait remarqué que la rue Saint-Olivier était supposée prioritaire pour 2013: renseignement pris, Mme Guérette, conseillère municipale, lui avait répondu que cette rue ne figurait plus dans les voies prioritaires.

En août 2018, Le Bourdon a expédié à la Ville deux photos prises dans l’un des axes majeurs du quartier, demandant à quoi pouvaient servir les aménagements qu’il avait remarqués: la Ville lui avait répondu après quatre semaines que cela servirait à l’éclairage public une fois cette voie enfouie.