Nous partons à la découverte d’une rue aujourd’hui disparue, la rue Sainte-Julie. Tout comme ceux de la rue de l’Artillerie (dont nous reparlerons dans les prochaines semaines), ses édifices ont été rasés pour faire place à ce qui allait devenir le boulevard René-Lévesque lors des grands travaux des années 1960.
La dénomination de cette rue du Faubourg Saint-Louis rappellerait la mémoire de Geneviève-Julie Berthelot, fille de Charles Berthelot et de Geneviève Channazard, religieuse des Ursulines de Québec connue sous le nom de mère Saint-Joseph. Berthelot comme dans Amable Berthelot (qui avait donné son nom à la rue Saint-Amable, aujourd’hui la rue Parizeau), dont elle était la nièce (quand on vous dit que Saint-Jean-Baptiste, c’est petit comme quartier). Comme on peut le voir dans le plan ci-dessous daté de 1957, elle longeait les édifices parlementaires et gouvernementaux, qui existent encore sur la Colline parlementaire.
On voit ici la rue Sainte-Julie, telle qu’elle a existé jusqu’au début des années 1960. Source: Insurance plan of the city of Quebec, volume 1 / Underwriters’ Survey Bureau, Limited. Toronto ; Underwriters’ Survey Bureau Limited,1957-1961. Source: BAnQ
Édifice C, sur Sainte-Julie, vers 1925. Fonds Action Catholique, BAnQ
Bien qu’on y retrouvait les entrées secondaire du Parlement (au n°865) et du Gouvernement du Québec (au n°835) (c’est là qu’on trouvait d’ailleurs le Ministère des travaux public et du travail), la rue était majoritairement résidentielle, avec ses maisons et ses blocs-appartement.
Au tournant des années 1960, le gouvernement du Québec décide de réaménager complètement les alentours de l’Hôtel du Parlement pour en faire un quartier administratif. Les urbanistes Jacques Gréber et Édouard Fiset proposent un plan dans lequel on retrouve notamment le prolongement du boulevard Saint-Cyrille (devenu René-Lévesque) jusqu’à la Place D’Youville. Ce qui signifie raser tous les pâtés de maison qui se trouvent sur le chemin. En 1966, il ne reste déjà plus grand-chose de la rue Sainte-Julie. Quelques édifices devant lesquels le boulevard Saint-Cyrille s’étale déjà.
La caisse d’économie
Au 800 de la rue Sainte-Julie, à l’intersection avec Saint-Augustin, se trouvait la Caisse d’économie, une succursale de la Caisse d’Économie Notre-Dame. Pour mémoire, la Caisse d’économie avait aussi une succursale (la principale du quartier) au 399 rue Saint-Jean, là où se trouve désormais le Projet. Cette caisse avait été fondée à Québec, en 1848, par des membres de la Société de Saint-Vincent de Paul qui souhaitaient encourager l’épargne chez les travailleurs. La petite succursale avait été agrandie en 1937, et, comme on peut le voir sur les photographies du début des années 1960, elle était certes petite, mais moderne et fonctionnelle. Ce n’est qu’en 1948 que l’institution obtient le droit de consentir des prêts hypothécaires et personnels.
Vue extérieure de l’épicerie Spot Cash Shop, alors sise au coin des rues Sainte-Julie et d’Artigny; elle était la propriété de N. Moisan. Cette image est tirée du livre « Quebec, Canada, Issued by The Publicity Bureau » en page 128. Photo datée de 1912. Collection iconographique de la Ville de Québec
Intersection de l’Avenue Dufferin et de la rue Sainte-Julie. La vue a été prise en direction ouest, le 19 février 1964. On y voit des automobiles stationnées. Source: Archives de la Ville de Québec.
Bien qu’à proximité immédiate des édifices gouvernementaux et du Parlement, l’architecture de la rue n’avait rien de prestigieux comme la Grande-Allée. On y trouvait même des taudis. Mais la rue était néanmoins densément peuplée, aussi densément que le reste du quartier. Il suffit pour s’en convaincre de regarder la liste des noms de l’annuaire Marcotte de 1960 (page 1, page 2).
Les archives de la Ville de Québec ont gardé un précieux témoignage photographique d’un intérieur de l’époque. L’immeuble sis au 834 de la rue Sainte-Julie comptait 6 appartements, dont voici quelques photographies.
Quelques années plus tard, la rue Sainte-Julie allait faire place à la Promenade des Premiers-Ministres. Mais elle est longtemps restée simplement bitumée. Nous vous invitons d’ailleurs à consulter cet article de Jérôme Ouellet sur la Colline Parlementaire en 1971, dont nous tirons la photographie ci-dessous.
Vue du boulevard Saint-Cyrille (René-Lévesque) et de ses abords en 1971. On distingue, à gauche, les édifices Honoré-Mercier, Jean-Antoine Panet, Marie-Guyart, le Grand Théâtre de Québec. De l’autre côté du boulevard, le premier bâtiment de Place Québec est en construction. (Construction de l’autoroute Dufferin-Montmorency à Québec, Jules Rochon – 1971-10, BAnQ, Fonds Ministère des Communications).
La promenade, aménagée par la Commission de la capitale nationale du Québec, a été inaugurée par M. Lucien Bouchard, premier ministre du Québec, le 29 mai 1997. Elle est mise à jour tous les dix ans. Plus rien ne rappelle désormais la rue Sainte-Julie ni tous ceux qui y ont vécu.
Merci Très intéressant . j’ai découvert que ma mère Yvonne Marceau et sa soeur tamte Rose ont résidé au 30 rue Ste Julie en 1947 et probablement une anéée avant .
Bonjour
Merci pour cet article très intéressant. En fouillant dans les archives familiales j’ai appris que mon arrière grand-père avait habité au 2 rue Ste-Julie dans les années 1930. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je suis tomber sur votre article en effectuant une recherche sur Google.
Et moi, jen faisant des recherches généalogiques, e viens de découvrir que la soeur de mon grand-père paternel habitait au 12 rue Sainte-Julie environ à la même époque !
Et moi, en faisant des recherches généalogiques, je viens de découvrir que la soeur de mon grand-père paternel habitait au 12 rue Sainte-Julie environ à la même époque !
Mr Lambert c’est si interessant de retrouver nos ancêtres ! Hier j’ai découvert que mon arrière arrière grand père avait habité au 10 Ste Julie. Il était employé du gouvernement ☺️
Bonjour, viens de découvrir votre site. Même si je demeure à Charlesbourg je »trâine » souvent dans St-Jean Baptiste.
Vos rappels historiques me passionnent.
Merci et longue vie au Bourdon.
Merci, merci, j’adore vos articles.
Résidente du quartier st-jean-baptiste depuis 1985.
Marielle Boiteau
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