Nous amorçons cette série estivale de reportages photo sur des arrière-cours verdoyantes du quartier par notre visite, le 27 juin dernier, des aires de jeux du Centre de la petite enfance (CPE) Coopérative Saint-Jean-Baptiste, en compagnie de sa directrice, Marie-Andrée Morais.
Le CPE Coopérative Saint-Jean-Baptiste a été fondé en 1972 par des parents du quartier. Mais c’est depuis une trentaine d’années que la garderie de 44 places occupe l’ancien immeuble à logements du 450 rue Burton. Passionnée d’horticulture, sa directrice nous a confié que dès son enfance, elle a appris par essais et erreurs dans le jardin familial, à L’Épiphanie où elle a grandi. C’est avec son enthousiasme contagieux et ses trois ans d’expérience au CPE que Marie-Andrée Morais a bien voulu répondre à ces quelques questions lors de notre découverte des lieux.
D’entrée de jeu, quelle est la petite histoire de votre cour aménagée pour les enfants ?
On retrouvait auparavant, au fond de la cour, un genre de garage et d’autres structures qui ont été démolis pour laisser place à un terrain mal drainé. La cour, en pente, était vraiment mal en point ! Au cours des années, des parents, des éducatrices, ont développé un intérêt commun pour l’aménager de façon « organique ».
Des architectes ont été engagés. Il faut savoir que les CPE doivent obligatoirement passer par eux pour être en règle avec le ministère de la Famille. Ce type d’aménagement est non seulement très réglementé pour le choix des matériaux, mais aussi pour celui des plantes. Par exemple, on ne peut pas cultiver de tomates, leur feuillage étant toxique. Et notre cour est inspectée aux deux ans, incluant aussi ses modules de jeux, ses surfaces, ses marches de bois obligatoirement non traité, toujours pour des raisons de sécurité.
Comment décririez-vous votre cour ? Quelles en sont les principaux attraits ?
Notre cour est divisée en trois grandes sections. Sur la terrasse du haut il y a des tentes, on y sort les livres, les poupées, les matelas, et nos tables à pique-nique arrivent la semaine prochaine. Avec les arbres, même si plusieurs ont dû être coupés ou émondés, des petits îlots de fraîcheur ont été aménagés, et un papa nous a même « patenté » une douche ! On retrouve aussi dans la cour une « piste de course » pour des « vélos pas de pédales », l’ilot des jeux symboliques… Au fond se trouve le coin des gros modules, entourés de vigne vierge.
Comme j’aime l’exprimer, « notre cour, c’est notre deuxième éducateur » ; c’est une belle cour nature suffisamment ensoleillée. Les escargots vont et viennent à travers les plantes, ça amuse les enfants ; ils observent aussi les coccinelles, les papillons qu’attire le chèvrefeuille… On a privilégié les vivaces, dons de parents, parce qu’elles empiètent sur les mauvaises herbes et demandent peu d’entretien : hémérocalles, fougères à l’autruche, cœurs saignants, géraniums vivaces, myosotis, spirées… La nature s’est ici régulée d’elle-même, et en juillet, ça sent notre lilas japonais, pour moi, « le parfum de Saint-Sauveur » !
Quelles ont été – ou sont toujours – les principales contraintes à contourner pour réussir cet aménagement, les défis à relever pour son entretien ?
Après la réglementation du ministère de la Famille, je dirais les moyens financiers en deuxième, puis le manque de bras. Grosso modo, on doit gérer 12 000 $ par année pour entretenir à la fois l’extérieur et l’intérieur du CPE. Et comme on parle d’une vieille bâtisse, c’est souvent le « festival de la surprise »…
Pour revenir à notre cour, il a fallu entre autres tenir compte du ruissellement vers les voisins en lien avec nos murs de soutènement : de gros déboursés… Et il y a aussi les chats, qui utilisent le sol comme litière, d’où la nécessité de poser du géotextile ou des cailloux ! Nous avons déjà pensé à un petit potager, mais nos éducatrices, considérant les remplacements d’été, en ont beaucoup à faire. On espère obtenir une subvention pour refaire les surfaces, mettre du tapis synthétique par endroit, constitué de matériaux recyclés ou recyclables. Près des gros modules, on souhaite planter un nouvel arbre, peut-être cet automne, une essence qui laisserait filtrer le soleil.
En conclusion, quels conseils de base donneriez-vous aux débutants qui souhaiteraient aménager ce type de cour verdoyante ?
On s’organise tout simplement pour ne pas se battre contre la nature, et on voit ici que ça fonctionne. Il faut tenir compte entre autres de l’ensoleillement, du type de sol, et faire preuve de patience en laissant la nature prendre son temps : la compétition fait son œuvre pour que le jardin devienne un écosystème qu’on n’a pas besoin de sarcler !
Le Comite populaire Saint-Jean-Baptiste est un organisme communautaire qui oeuvre en defense collective des droits. Du 18 mai au 15 octobre 2006 se tiendra a l’Observatoire de la Capitale une exposition-photos sur les cours interieures du quartier Saint-Jean-Baptiste. A l’initiative du Comite populaire, 25 photos grand format, de l’artiste-photographe Etienne Boucher, mettront en evidence une richesse peu connue du Faubourg.