Le 15 mai 1949, l’église Saint-Vincent-de-Paul et le Patro sont rasés par un incendie spectaculaire. Fort heureusement, on ne dénombre aucun mort ni blessé grave.

Le feu éclate à l’issue de la messe de 8h, et nécessite l’intervention de 250 pompiers pendant plusieurs heures. L’église est complètement détruite, et les édifices du Patro considérablement endommagés. On estime que le sinistre cause pour près de 400.000 $ de dommages, soit l’équivalent de 4.5 millions de dollars de 2020.

Érigée en 1896, la chapelle avait été restaurée en 1945. Deux tourelles encadraient la façade de pierre, à l’intérieur desquelles on trouvait des escaliers donnant accès à la tribune de l’orgue et aux autres parties de la maison. Environ mille personnes pouvaient y trouver place. Dans l’église, on trouvait un maître autel et deux tableaux, œuvres de Mère Marie de l’Eucharistie des Sœurs de la Charité, évoquaient des phases de la vie de St-Vincent de Paul. L’église était aussi dotée d’un orgue Casavant. En septembre 1948, un carillon de trois cloches venait d’être installé dans le clocher.

Au sous-sol de l’église se trouvaient une vaste salle de spectacles ainsi que les locaux de l’Union Notre-Dame. Cette partie inférieure de la chapelle constituait la plus ancienne partie du patronage St-Vincent-de-Paul, fondé en 1870. A l’ouest de la chapelle se trouvait une construction de quatre étages réservée aux classes. Cette section, construite en 1890, était l’une des plus anciennes du Patronage St-Vincent de Paul. Elle fut construite en 1890, six ans après l’arrivée des Frères et leur installation à Québec, le 11 octobre 1884.

L’église servait de desserte de la paroisse St-Jean-Baptiste depuis 1940, et devait être canoniquement proclamée église paroissiale une quinzaine de jours plus tard. Dans les journaux de l’époque, on peut lire qu’il s’agit du pire désastre subi par les Frères de la Saint-Vincent-de-Paul depuis leur arrivée au Canada en 1884.

L’incendie se déclare le matin

L’incendie se déclare vers 8h50, après la première messe du matin, et les pompiers n’en viennent à bout que 12 heures plus tard, en soirée. Plus de 250 pompiers s’affairent à éteindre l’incendie, à dérouter la circulation, et à empêcher la foule nombreuse de s’approcher du sinistre en cours. Une partie du toit de l’aile droite s’effondre sur un groupe d’hommes qui travaillent au 4ème étage, mais cela ne fait heureusement aucun blessé grave. Une cinquantaine de pompiers et de civils sont légèrement blessés.

Plan en plongée de la foule. Source: BAnQ 

Moins de trois quarts d’heure après le début de l’incendie, le clocher du temple s’effondre au milieu du foyer de l’incendie. Les flammes jaillissent à plusieurs centaines de pieds dans les airs. Les dômes de chacune des deux tourelles brûlent ensuite et la croix qui surmonte l’une d’elles disparaît quelques minutes plus tard. Les flammes atteignent rapidement le toit de la chapelle, où était entassée une quantité considérable de revues et journaux.

Photo datée du 15 mai 1949. Source: BAnQ

Vue éloignée de la façade prise d’une toiture – Photo Moderne Enrg. Source: BAnQ 

Des dégâts considérables

L’église est en ruine. Les quatre murs tiennent encore debout, mais sont dangereux, et on parle de les abattre. Le toit et les galeries se sont effondrés, le plancher principal également, et on parvient à peine à retirer les trois cloches du carillon.

Plan rapproché du parvis. Source: BAnQ

La presse relate que 32 religieux, dont huit prêtres et 24 frères, se retrouvent à la rue. En outre, 26 juvénistes (le juvénat désigne la période d’études et de formation qui suit le noviciat et prépare éventuellement au professorat dans certains ordres religieux) et 47 pensionnaires se retrouvent également sans toit. Le feu s’est déclaré le dimanche; une chance pour la plupart des pensionnaires, qui étaient alors à la villa des Frères au Lac Simon. Près de 300 écoliers seront privés, temporairement du moins, de leurs classes régulières.

Plan éloigné. Source: BAnQ 

 

Plan rapproché du clocher. Source: BAnQ 

La plupart des ornements liturgiques et sacerdotaux sont sauvés, avec les Saintes-Espèces (qui désignent le pain et le vin changés en corps et en sang du Christ par un prêtre ou un pasteur lors de la consécration, au cours de la prière eucharistique pendant la messe). Une grande partie du matériel scolaire ainsi que les instruments de l’harmonie sont sauvés des flammes. Seule la nouvelle annexe est préservée.

Cigarette et fuite de gaz

Le R. P. Fournier, supérieur du patronage St-Vincent-de-Paul et le R. P. Gaston Pontbriand, curé, ont la conviction que les flammes ont été causées par un mégot de cigarette à l’entrée d’une des deux tourelles et qu’elles se sont propagées à cause d’une fuite de gaz sur la rue que les religieux signalaient depuis quelques semaines. Une intuition appuyée par le fait que des explosions se produisent au début, alors que l’on cherche le feu avec les extincteurs. Sur le moment, on émet également l’hypothèse que le feu a été allumé par le moteur de l’orgue. Une enquête du commissariat aux incendies est lancée. Elle confirme les suspicions initiales des religieux, à savoir que la fuite de gaz a grandement contribué au désastre.

Article du Soleil, le 24 mai 1949. Source 

Une reconstruction rapide

A peine le sinistre éteint, on pense déjà à la reconstruction. Sur le moment, il faut trouver des locaux pour loger tout le personnel de la maison: l’église et le Patro s’appuient sur un personnel régulier de 80 religieux, juvénistes et pensionnaires. Il faut aussi aménager des classes pour les 300 garçons qui fréquentent l’école.

Le Patro le 30 mai 1949 Source: Archvies de la Ville de Québec https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/patrimoine/archives/recherche/archive.aspx?aid=41372

Le projet de reconstruction est approuvé en juin 1950 par la Commission municipale de l’urbanisme. La reconstruction est financée en grande partie par les dons des fidèles. En effet, les assurances ne couvrent les dommages qu’à hauteur de 75.000$, alors que la seule reconstruction de l’église coûte 250.000$. La reconstruction de l’église s’achève en novembre 1952. C’est d’ailleurs le 9 novembre que l’on en bénit les cloches. Les trois cloches, baptisées sous les noms de Jésus, Marie et Joseph, sonnent les notes fa, sol et la. Elles pèsent respectivement 2,100, 1,800 et 1,180 livres.

La bénédiction des cloches a lieu le 9 novembre 1952. Le Soleil, 10 novembre 1952 (source)