Nous voici plongés dans l’Univers de Meet_Inc., sorte de conglomérat aussi flou que capitaliste, où les valeurs entrepreneuriales contemporaines s’incarnent dans trois bouffons, archétypes d’employés et de leurs travers. La pièce à voir pour oublier la grisaille de l’hiver et prendre un peu de recul face à la sacro-sainte entreprise capitaliste contemporaine.

Que vend Meet_Inc.? De beaux slogans.

  • “La malléabilité de nos valeurs nous a permis de rentrer dans les marchés les plus autoritaires”
  • “Meet_Inc., un vent de fraîcheur dans un emballage propre”
  • “Toucher les étoiles pis être revenu pour souper”.

Que font les employés de Meet_Inc.? Ils se tiennent occupés. La pièce nous fait traverser différentes scènes du quotidien en entreprise, où Douchebag, Lacharrue et Wannabe, les employés, courent comme des poules-pas-de-tête, flexent leurs réussites en brassant beaucoup d’air, à grands coups de “on est dans l’jus” et en ayant l’air sérieusement débordés tout le temps.

Meet_Inc. fait honneur à l’art du bouffon. Tout est excessif, férocement jubilatoire, obscène sans être vulgaire. Bienvenue dans une comedia dell’arte sous stéroïdes, qui vous fera hurler de rire pendant 90 minutes, sans temps mort. La caricature y est habile; elle ne fait qu’accentuer les traits de personnalité toxiques glorifiés dans le monde du travail contemporain. Qu’on ne s’y trompe pas, tout le monde va reconnaître un‧e collègue. Ou se reconnaître, qui sait. Cette critique implacable de l’univers des bullshit jobs ferait d’ailleurs passer le film Wall Street pour une comédie à l’eau-de-rose.

Il convient de souligner l’excellent travail d’écriture de Meet_Inc. Les textes de Nicola Boulanger, Valérie Boutin, Paul Fruteau De Laclos et François-Guillaume Leblanc sont terriblement bien travaillés et aboutis, même quand le flex est réduit à des borborygmes. On n’est pas embauché, on est embauchié. On ne va pas au congrès, on va s’encanailler au congraine. C’est toujours drôle, caustique et malin.

Les acteurs excellent dans ce charivari rabelaisien libérateur. Valérie Boutin, Paul Fruteau De Laclos et Guillaume Pelletier livrent une performance physique impressionnante, dans des costumes sexualisés à outrance, aux traits déformés, laids et originaux. La mise en scène est tout aussi réussie: les locaux de l’entreprise débordent de plastique (non-recyclable, évidemment), tout est jetable (le matériel comme les personnes), rien ne compte sauf les profits.

On vous conseille non seulement de vous précipiter pour acheter vos billets, mais également d’arriver un peu en avance, car le spectacle commence avant même le début de la pièce. Vous pourrez bénéficier notamment d’un entretien d’embauche hilarant et de conversations de couloir délirantes.

Informations complémentaires

  • Au théâtre Premier Acte du 30 novembre au 11 décembre
  • Une réalisation du collectif Hommeries
  • Billets et informations: https://premieracte.ca/spectacles/meet_inc/
  • Mise en scène: Nicola Boulanger
  • Collaboration à la mise en scène et à la régie: Mélissa Bouchard
  • Direction de production: Laurence Croteau Langevin
  • Conception: Jean-Philippe Côté, Nathalie Côté, Jérôme Huot, Roberto Schilling Pollo Duarte