Plus de 700 personnes s’étaient inscrites à la rencontre d’information sur l’insertion du tramway dans le secteur de l’avenue Cartier. Bien que la rencontre s’adressait aux citoyen.ne.s de Montcalm et de Saint-Jean-Baptiste, la majorité des débats aura porté sur le secteur Cartier et les rues avoisinantes. La soirée, qui se voulait clairement pédagogique, a permis de clarifier plusieurs enjeux relatifs aux aménagements qui devront être réalisés préalablement à l’arrivée du tramway et de constater que les questions sont encore nombreuses sur le projet.
L’exercice d’information s’insère dans une stratégie de communication renforcée autour du projet de tramway. En ouverture de la réunion, Maude Mercier-Larouche rappelait d’ailleurs que la rencontre s’inscrit dans une démarche de consultation publique (sans pour autant être une consultation publique au sens formel), et que cela se faisait dans le but de « s’imprégner des enjeux des résidents », « d’éliminer les zones grises ». Ajoutant que personne ne serait laissé sans réponse, elle a assuré les participant‧e‧s que s’il n’était pas possible de leur répondre immédiatement, un suivi serait assuré par écrit ensuite. Pour Mélissa Coulombe-Leduc, conseillère du district Cap-aux-Diamants, interrogée après la séance d’échange, la réouverture du dialogue « était très attendue par la population. La dernière fois qu’on a parlé du projet directement aux gens, c’était il y a deux ans ».
Preuve de l’intérêt suscité par le sujet et l’activité, ce sont 460 personnes qui étaient déjà présentes à l’ouverture de la rencontre virtuelle (le nombre a augmenté par la suite) et plus de 200 questions qui ont été posées (dont plus de 180 questions écrites) au cours de la soirée. On annonce d’ores et déjà des rencontres en présentiel plus tard, quand la limite de 275 personnes imposée par la Santé publique sera levée.
La soirée a débuté par une présentation détaillée sur l’option retenue pour l’insertion du tramway en Haute-Ville, une insertion axiale (au centre de la chaussée), les voies partagées de chaque côté du tramway dans le secteur ainsi que le réaménagement de la place Cartier. La présentation peut être consultée en ligne.
Outre le tramway et ses installations, la soirée a également permis d’en savoir plus sur les transformations qui affecteront le boulevard René-Lévesque, et par conséquent notre quartier. « Il ne s’agit pas juste d’un projet de mobilité, mais aussi d’un projet de requalification urbaine » a ainsi indiqué Alejandro Calderon, chef d’équipe – Intégration urbaine du tramway. « On veut insuffler une nouvelle ambiance dans les quartiers traverser, avec une signature cohérente, sur mesure pour Québec » ajoute-t-il.
Le secteur Cartier sera réaménagé de fond en comble avec l’arrivée du tramway. Outre la station, les transformations verront également la création d’une place publique quatre saisons (sur l’emplacement de l’ancienne station-service) et l’aménagement de voies partagées de chaque côté du tramway. Le secteur sera donc limité à 20 km/h, entre Bourlamaque et Salaberry. Deux zones de transition de part et d’autre du secteur seront ajoutées, avec une limite de vitesse à 30 km/h. À l’ouest, la zone à 30km/h débutera à l’avenue Belvédère, et à l’est, la zone s’étendra de Claire-Fontaine à Salaberry, sur deux voies au lieu de quatre. Au-delà, à partir de la rue Sainte-Claire, les voitures pourront continuer à circuler à 50km/h, ce qui n’est pas sans conséquence sur la sécurité des personnes qui devront continuer à traverser le boulevard. En outre, si la moyenne de la distance entre les traversées piétonnes signalisées va passer de 230 mètres à 165 mètres sur René-Lévesque à l’ouest de Cartier, il n’a pas été possible de savoir si cette volonté de sécuriser les traverses piétonnières s’étendrait également au secteur plus accidentogène de René-Lévesque entre Salaberry et Honoré-Mercier, là où le tramway est en grande partie souterrain.
Si l’activité est prompte à susciter les questionnements et commentaires contre le projet, comme on pouvait s’y attendre, la plupart des résident‧e‧s de Saint-Jean-Baptiste participant à la soirée semblaient en accord avec le projet, tout en demandant des éclaircissements. À l’image de Guillaume Pinson, qui a indiqué qu’il s’agissait d’un « superbe projet. J’habite sur la rue Lockwell avec ma famille (5 personnes), sans voiture. Ce projet va changer notre vie. Et va donner le goût à plus de personnes de diminuer l’usage de la voiture », plusieurs commentaires ont marqué leur soutien au projet. Pour Mélissa Coulombe-Leduc, « on est probablement dans le district de Québec où on pratique le plus la mobilité active, les gens sont globalement favorables au projet. Mais il y a quand même des inquiétudes qui méritent qu’on s’y attarde ».
Parmi les préoccupations saint-jambiennes, on relève les impacts de la circulation de transit (déjà présente mais qui pourrait être affectée par le report de la circulation induit par les modifications à la circulation sur René-Lévesque), la localisation des stations, les modifications induites sur la desserte du Faubourg par le transport en commun, la foresterie urbaine. Des enjeux soulevés par plusieurs groupes et citoyen‧ne‧s depuis le début du projet, auxquels les différents intervenants du Bureau de projet y ont patiemment et parfois partiellement répondu, car il reste encore beaucoup de points à travailler avant de pouvoir obtenir des réponses plus précises sur tel ou tel enjeu. Plus précisément, les citoyen‧ne‧s du quartier seront rencontrés ce printemps afin de discuter de l’insertion du tunnel dans le secteur. Mme Coulombe-Leduc instiste particulièrement auprès du Bureau de projet pour que cela se fasse. « Il faut qu’on revienne [auprès de la population], il va y avoir une autre séance qui va concerner uniquement le tunnel dans Saint-Jean-Baptiste, c’est le seul quartier qui va vivre ce genre de travaux ».
Interrogé sur les mesures pour réduire le trafic sur la rue d’Aiguillon, Marc des Rivières, directeur du Service du transport et de la mobilité intelligente, a expliqué que, le déplacement de la circulation sur les axes parallèles se faisant en fonction du point d’origine et du point de destination, « les augmentations dans l’axe Chemin Sainte-Foy / d’Aiguillon / Saint-Jean seront très faibles ». « On va travailler avec les commerçants et résidents du secteur pour analyser les risques et convenir des mesures qui pourront atténuer ces risques » a-t-il précisé. Cette étude de circulation sera réalisée à l’échelle du quartier afin d’assurer l’accès aux résident‧e‧s tout en évitant la circulation de transit dans les rues locales. Les citoyens seront impliqués dans cette démarche.
Plusieurs personnes ont soulevé leurs inquiétudes en ce qui a trait à la desserte locale par le transport en commun, que ce soit avec la raréfaction des arrêts sur René-Lévesque ou la Côte d’Abraham ou le nombre de stations de tramway. Ainsi, pour William Philippon, les « habitants du quartier Saint-Jean-Baptiste sont assez oubliés (comme souvent) et non desservis par les deux arrêts très loin » et Théo Quignon se demande pourquoi il n’y a « plus d’arrêts prévus dans ce secteur? Il s’agit de l’un des quartiers les plus denses de la ville, St-Jean-Baptiste n’est presque pas desservi avec simplement un arrêt au niveau de l’avenue Cartier et un pour la colline parlementaire ». En effet, dans le projet initial, le quartier était desservi par trois stations, une Place d’Youville, une au Centre des Congrès et une au Grand Théâtre. En raison des premières études de faisabilité, des enjeux géotechniques et des coûts élevés engendrés par le tunnel et les stations souterraines, la station d’Youville a été rapprochée, et les arrêts prévus au Centre des congrès et au Grand théâtre fusionnés pour devenir un seul arrêt, celui de la Colline parlementaire, au niveau du Complexe G. En outre, le tramway passera d’une insertion en surface à une insertion en souterrain à l’est de l’avenue Turnbull et l’aménagement de la trémie (entrée et sortie du tunnel) dans ce secteur ne permet pas l’aménagement d’une station au niveau de Turnbull. Pour Daniel Genest, directeur du Bureau de projet, « dans la littérature, dans un système de type tramway, il faut créer une opportunité et être à 800 mètres de marche d’une station, c’est attractif. Les deux stations respectent le 800m », soit 10 minutes de marche.
Questionnés sur l’impact du report de la circulation de transit sur Grande-Allée et le chemin Sainte-Foy et sur la circulation du Métrobus 807 (qui passe par d’Aiguillon), les représentants du bureau de projet et du RTC ont indiqué que l’on attend une augmentation de 11 % du trafic dans les secteurs résidentiels avoisinant le tracé du tramway. Des mesures seront mises en amont à l’ouest afin que les personnes devant se rendre vers le centre-ville soient prioritairement redirigés vers la Grande Allée en arrivant du Boulevard Laurier, et que le corridor du Métrobus 807 pourrait faire l’objet de mesures préférentielles, grâce au gestionnaire artériel (qui permet d’allonger ou devancer des feux) pour fluidifier la circulation.
Enfin, l’enjeu de la foresterie urbaine est moins ressorti chez les résident‧e‧s de Saint-Jean-Baptiste, dont l’indice de canopée est le plus faible de Québec. Si les impacts sur les arbres de la partie ouest du boulevard René-Lévesque sont bien documentés, il n’est pas encore possible de savoir si la partie Saint-Jean-Baptiste du Boulevard fera l’objet d’aménagements en la matière.
Pour Mélissa Coulombe-Leduc, « il reste des questions et notre intention, c’est d’être en mesure d’y répondre. On a eu une partie des réponses, et on va les avoir complètes à 100 % ».
Une consultation en ligne, disponible depuis aujourd’hui 4 mars, est ouverte jusqu’au 25 mars. Les citoyen.ne.s pourront répondre à 30 questions et s’exprimer de manière plus précise sur les enjeux qui les concernent.
Par la suite, il est prévu que les travaux débutent à l’automne 2023. Il y a 14 tronçons sur tout le projet, qui pourraient se traduire par deux ou trois saisons de construction (d’avril à novembre). Les décisions quant aux fermetures complètes (pour aller plus vite) ou partielles (pour minimiser les impacts) des voies concernées ne sont pas encore prises. L’échéancier des travaux peut être consulté à cette adresse.
Bravo: votre commentaire est assez fidèle à ce à quoi mon épouse et moi avons assisté hier soir