Plus de 300 personnes s’étaient inscrites pour la rencontre d’information relative à l’insertion souterraine du tramway sous le quartier Saint-Jean-Baptiste. Un webinaire qui a permis de répondre à de nombreuses questions de la part des citoyen‧ne‧s et d’en savoir un peu plus sur le tunnel et les stations qui desserviront le quartier.
Suivant la volonté affichée de l’administration, les rencontres avec la population et des organismes des quartiers traversés par le tramway se multiplient, en vue de “dénouer les petits nœuds qui pourraient subsister”, selon Maude Mercier Larouche, membre du comité exécutif et présidente du RTC. Des rencontres avec les conseils de quartier et les sociétés de développement commercial du quartier et du Vieux-Québec se sont ainsi déroulées dans les deux dernières semaines et de nombreuses autres sont prévues au cours des prochains mois.
D’entrée de jeu, Maude Mercier-Larouche a précisé que ni le tracé du tunnel, ni le nombre ou l’emplacement des stations ne changeraient. “Ce sont des éléments fixes, pas des objets de discussions ce soir” a-t-elle indiqué, avant de rappeler de “respecter le décorum, d’avoir un ton courtois et respectueux dans les échanges”. Un rappel important, quand on connaît les dérapages récents lors de ce genre de rencontres. De fait, le ton des échanges est demeuré poli et courtois, malgré de nombreuses craintes exprimées par les participant‧e‧s, craintes qui avaient déjà été exprimées de manière similaire lors de la précédente rencontre d’information à ce sujet, en juin 2020. Les représentants de la Ville et du Bureau de projet auront ainsi répondu à 177 questions, par écrit ou de vive voix.
Un tunnel qui suscite des craintes
Le choix du tunnel a été fait pour réduire les impacts sur la circulation dans la Côte d’Abraham, et pour offrir une pente moins intense à franchir pour que le tramway se rende en Haute-Ville. Cette insertion souterraine permet également de s’affranchir des contraintes de surface, d’optimiser le tracé en réduisant sa longueur et d’optimiser la vitesse commerciale du tramway.
Si en juin 2020, une première présentation du tracé et des stations avait été faite aux citoyen‧ne‧s (voir notre article à ce sujet), le projet a depuis évolué, et c’est le scénario d’un tunnel court qui a finalement été retenu en avril 2021, avec une trémie au Jardin Jean-Paul-L’Allier et une autre au Grand-Théâtre. Un tunnel long d’1,8 km, avec deux stations, au lieu de trois, et dont le tracé ne suivra pas celui de la Côte d’Abraham, et passera ainsi sous une partie résidentielle du quartier, à une profondeur variant de 15 à 40 mètres.
Trois campagnes de forages ont été réalisées entre 2019 et 2022 le long du tracé du tunnel et aux lieux des futures stations, en vue de mieux connaître la formation géologique du promontoire. Plus de 45 forages ont été réalisés pour le tronçon en insertion souterraine, environ tous les 40 mètres, à une profondeur variant entre 15 et 40 m. Selon les analyses, 80 % du tunnel se trouve dans un massif rocheux de qualité moyenne à bonne, avec une abrasivité moyenne, compatible avec diverses méthodes de creusement.
Les différentes techniques d’excavation ne sont pas encore décidées et le choix de la méthode de construction du tunnel relèvera du Partenaire privé Infrastructures. Si la Ville a tenu à se faire rassurante sur le fait que le partenaire privé aura l’obligation de démontrer le respect des exigences techniques, de la règlementation en vigueur et d’assurer l’intégrité des ouvrages et les particularités des activités des riverains, les résidentes et résidents ont exprimé leurs craintes à de nombreuses reprises.
Trois méthodes de creusement sont à l’étude pour le moment, dont la méthode du forage-sautage, celle de la haveuse (machine à attaque ponctuelle) et celle du tunnelier. Pour des raisons de flexibilité et d’optimisation des sections, les deux premières semblent privilégiées par la Ville pour le moment. La méthode du forage-sautage suscite de nombreuses inquiétudes parmi les personnes dont la résidence se trouve au-dessus du tracé prévu. Cette technique consiste à fracturer le roc grâce à l’utilisation d’explosif, deux fois par jour. En milieu urbain, la phase de sautage est prévue tôt le matin (6 h – 9 h) et en fin d’après-midi (16 h – 19 h). Le dynamitage s’insère dans une série d’opérations cycliques qui durent une dizaine d’heures chacune. On a ainsi pu comprendre que le chantier ne s’arrêtera pas la nuit, pour permettre de compléter les cycles, mais que les travaux nocturnes ne devraient pas produire de nuisances sonores ou vibratoires. La machine à attaque ponctuelle (haveuse) quant à elle, agit à la manière d’une fraise de dentiste et creuse le roc en évacuant de plus petits morceaux au fur et à mesure.
La Ville prévoit contrôler les vibrations (dont la limite générale est de 25mm/s en milieu urbain, avec un seul plus sévère selon la vulnérabilité des ouvrages) en les surveillant en continu avec des sismographes et en diffusant les informations sur le site web. Il est également prévu que les gaz et fumées produits par les explosifs soient surveillés, que ce soit par la ventilation des chantiers ou par la distribution de détecteurs de monoxyde de carbone pour chaque habitation dans les 100m.
Les vibrations éventuellement provoquées par le passage des rames de tramway sont également prises en compte. Selon les études réalisées par le Bureau de projet, aucun impact vibratoire n’est envisagé sur les bâtiments à usage courant. Des mesures particulières seront mises en place pour quelques sites sensibles, comme le Grand Théâtre ou l’INRS, avec des dispositifs anti-vibratiles sous les voies ferrées et/ou des dalles flottantes. Une analyse vibratoire complémentaire sera menée de nouveau par le partenaire privé lorsqu’il aura des données précises de la construction. Les études d’impact sonore et vibratoire réalisées sur l’ensemble du parcours du tramway sont disponibles sur le site Internet du projet.
La Ville a par ailleurs confirmé que toutes les maisons situées dans la zone d’influence des travaux seraient évaluées en amont des travaux afin d’identifier les bonnes méthodes de construction et mesures d’atténuation à mettre en place. Chaque année, des séances d’information seront également organisées pour présenter les travaux et répondre aux questions. De même, des agents de service à la clientèle seront présents sur les chantiers pour répondre aux problématiques vécues par les citoyens.
Plusieurs personnes ont soulevé la question des recours en cas de dommages provoqués aux bâtiments. La Ville prévoit faire un état des lieux initial des propriétés avant les travaux et déployer des mesures pour protéger les édifices si besoin. Un autre état des lieux sera réalisé après les travaux ou à la demande d’un citoyen si des fissures ou autres apparaissent. En cas de dommage, les citoyen‧ne‧s pourront alors faire une réclamation pour dommage matériel à la Ville selon le processus déjà en place.
Des stations ouvertes et éclairées
La séance d’information a été l’occasion d’avoir une idée plus précise des futures stations, de leur conception et de leur aménagement intérieur. La Ville a souhaité que les édicules (bâtiments d’accès aux stations) soient chaleureux et accueillants, lumineux et intègrent des œuvres d’art. Conçues selon des critères de sécurité et de visibilité, d’accessibilité universelle et de lien avec les réseaux piétonniers et de transports en commun, elles auront également un toit végétalisé, des ascenseurs (permettant également d’accéder aux stations avec un vélo).
La station Colline parlementaire, qui fusionne les deux stations précédemment prévues au Centre des Congrès et au Grand Théâtre, sera finalement localisée du côté sud du boulevard René-Lévesque, dans le quadrilatère de l’édifice Marie-Guyart, en vue de desservir les édifices à bureau et se connecter aux autobus se dirigeant vers l’autoroute Dufferin-Montmorency (vers l’est). Il est prévu que la station soit intégrée en harmonie avec la promenade des Premiers-Ministres.
- Vue extérieure de la station Colline Parlementaire
- Vue extérieure de la station Colline Parlementaire
- Vue extérieure de la station Colline Parlementaire
- Vue intérieure de la station Colline Parlementaire
- Vue intérieure de la station Colline Parlementaire
La Station d’Youville sera localisée sur l’avenue Honoré-Mercier, côté Faubourg. Elle vise une connexion efficace avec les autobus provenant de l’autoroute Dufferin-Montmorency (provenance de l’est), desservir les résident‧e‧s, commerçant‧e‧s, travailleurs‧euses, hôtels et lieux culturels du centre-ville, et sera intégrée au centre de service du RTC. L’édicule aura deux accès piétons, l’un sur Honoré-Mercier et l’autre sur la rue Saint-Jean. Du Vieux-Québec, l’accès piéton se fera en surface, par les traversées signalisées par feux.
- Vue extérieure de la Station d’Youville
- Vue extérieure de la Station d’Youville
- Vue intérieure de la Station d’Youville
- Vue intérieure de la Station d’Youville
L’enjeu de l’accessibilité
Bien que les stations aient été pensées pour capter les principaux flux de piétons, le nombre de station et leur accessibilité pour les résident‧e‧s ont fait l’objet de plusieurs questions au cours de la rencontre, en plus de la sortie commune du Comité populaire, de la Société de développement commercial et du Conseil de quartier le 31 mai.
Si la localisation de la station Colline Parlementaire au sud du boulevard René-Lévesque découle de plusieurs analyses en termes de faisabilité technique, de coûts et d’espace favorable, les personnes participant à la rencontre ont déploré qu’il n’y ait pas d’accès direct autre que traverser le boulevard René-Lévesque en surface. L’idée de passages piétonniers sous les rues pour rejoindre les stations a été considérée mais écartée, en raison d’enjeux techniques et de construction. La Ville prévoit néanmoins plusieurs mesures pour améliorer la sécurité des déplacements piétons et cyclistes en surface, notamment par l’aménagement de rues conviviales dans le secteur. Elle prévoit également l’utilisation d’un tunnel piétonnier déjà existant sous René-Lévesque, mais localisé plus à l’est de la station et n’y donnant pas accès. Les images ci-dessous montrent les passages piétons tels que prévus par la Ville pour rejoindre les stations:
En outre, l’abandon de la station du Grand Théâtre, pour des impératifs budgétaires, suscite des questions quant à la distance que devront parcourir les clientèles se rendant à un concert ou au théâtre, les étudiant‧e‧s du Conservatoire de musique et les personnes qui travaillent autour du Grand Théâtre, qui sera distant de 400m des stations Cartier ou Colline Parlementaire. Pour la Ville, il s’agit de distances raisonnables et des travaux d’aménagement de surface seront faits pour favoriser l’accessibilité des piéton.ne.s.
Échéancier des travaux
Des travaux préparatoires auront lieu dès cette année dans la rue Saint-Joachim (en prévision de la station d’Youville) et dans le secteur de la trémie sur René-Lévesque, principalement sur les axes parallèles et perpendiculaires au boulevard. Dans le secteur de la trémie René-Lévesque, il s’agit de déplacer les réseaux techniques urbains (RTU) en vue de la construction de la trémie; du côté de la rue Saint-Joachim, on effectuera des travaux d’archéologie et des déplacements de réseaux techniques urbains (RTU).
L’appel de proposition pour le matériel roulant a été lancé en avril, et l’on devrait connaître à l’automne quelle entreprise a été retenue. L’appel pour le volet infrastructures a également été lancé en avril, mais la sélection ne sera faite qu’au printemps 2023.
Il est prévu que les travaux de réalisation du tramway s’étalent de 2023 à 2028, avec une période d’environ 36 mois pour la réalisation du tunnel à proprement parler, selon un séquençage et un phasage qui seront précisés à l’arrivée du Partenaire privé Infrastructures. La Ville prévoit informer régulièrement la population lors des travaux, par une multitude de moyens.
Quel impact sur la circulation dans le quartier?
Plusieurs citoyen‧ne‧s ont posé des questions quant à la circulation de transit ou celle des bus qui passent actuellement par l’axe René-Lévesque. Actuellement, un grand nombre de bus arrivent par Honoré-Mercier, terminent dans le secteur du Grand Théâtre (les parcours express, 200, 300 et 500). Les bus en provenance du nord ou de l’est continueront à arriver au Grand-Théâtre. Les deux parcours du Métrobus (800 et 801) qui empruntent René-Lévesque vont demeurer en grande partie. Pour le moment, le RTC prévoit que le 801 suivra le même parcours dans l’axe nord-sud, desservant Charlesbourg et Limoilou, et aura son terminus au Grand Théâtre. Le 800, venant des Chutes, va intercepter le tramway au Pôle d’Estimauville. Par la suite, son parcours se confondra avec celui du 802, pour terminer dans le secteur Belvédère / René-Lévesque.
La circulation sera maintenue dans les deux sens sur René-Lévesque, avec une voie de chaque côté le long de la trémie. Pour la rue Claire-Fontaine, il est prévu qu’après l’entrée en fonction du tramway, on constate une légère baisse de circulation le matin, et une légère hausse en après-midi. Face aux craintes de surcharge de la rue d’Aiguillon pendant et après les travaux, les modélisations indiquent qu’une fois les travaux complétés, il n’y aura pas d’augmentation de circulation sur d’Aiguillon, mais que c’est une possibilité pendant les travaux. La Ville a indiqué qu’elle allait travailler avec les résident‧e‧s du secteur dans les prochains mois pour maintenir un niveau de sécurité optimal pendant la durée des travaux.
Des réactions positives
Plusieurs personnes ont tenu à exprimer leur appréciation de la séance d’information et remercier les personnes ayant présenté ou répondu à leurs questions. Une participante a ainsi tenu à souligner le « Très beau projet, enfin ! Merci pour ces informations, c’est très apprécié. Il est temps que nous passions à cette étape de réseau structurant pour notre belle ville de Québec. Et bravo pour tous les efforts que vous mettez à la communication, la consultation, etc. » et ont indiqué que le webinaire avait répondu à plusieurs de leurs questions.
On peut retrouver la présentation et l’enregistrement de la soirée via ce lien. En dehors du projet de tramway, d’autres rencontres avec les résidentes et résidents du Faubourg sont prévues, notamment pour aborder l’aménagement des rues de Claire-Fontaine, Lockwell, Saint-Gabriel et des Zouaves le 7 juin à 19h (en ligne).
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