Une cinquantaine de personnes ont participé ce 18 mai à une soirée de présentation des premières ébauches du réaménagement des rues Saint-Olivier (entre Salaberry et Philippe-Dorval) et Philippe-Dorval (sur toute sa longueur). L’occasion de prendre connaissance des projets et émettre des commentaires et suggestions en vue de les bonifier.

Cette soirée se fait dans le prolongement des consultations réalisées par la Ville au cours de l’hiver 2022. Si les réaménagements sur Saint-Gabriel et Claire-Fontaine ont déjà commencé, ceux sur Saint-Olivier et Philippe-Dorval ont été décalés d’une année. Pour Mélissa Coulombe-Leduc, conseillère municipale du District Cap-aux-Diamants, cette soirée est l’occasion de voir « comment on est capable d’améliorer la sécurité des gens qui se déplacent en mobilité active et comment verdir nos rues ». Elle ajoute que « les choix que nous allons faire vont avoir un impact sur notre communauté et amener notre quartier à faire face aux changements climatiques ». De fait, il est important de planifier les aménagements qui seront réalisés sous peu dans une perspective à moyen et long terme et éviter des erreurs d’aménagement qui pourraient pénaliser le quartier dans 25 ou 30 ans.

Un quartier au fort potentiel

Les propositions d’aménagement s’insèrent dans la Vision de la mobilité active de la Ville de Québec, qui s’appuie sur trois volets : la marche, le vélo et l’intermodalité des déplacements, notamment avec le transport en commun. Dans ce domaine, Saint-Jean-Baptiste présente un fort potentiel, puisque la mobilité durable, plus particulièrement la marche, sont des habitudes ancrées dans la culture du quartier. En effet, selon l’Enquête Origine-Destination (2017), 70,8 % des résident‧e‧s du quartier utilisent les transports actifs (marche 46,8 % et vélo 4,2 %) et les transports en commun (19,8 %) pour leurs déplacements domicile-travail. Saint-Jean-Baptiste est également le quartier dont le taux de motorisation par ménage est le plus faible parmi les 35 quartiers de la Ville : on y compte en moyenne 0,53 voiture par ménage, contre 0,75 dans Saint-Sauveur, par exemple. L’automobile demeure néanmoins un mode de déplacement domicile-travail pour 27,3 % des résident‧e‧s et 39,3 % des personnes qui travaillent dans le quartier.

Le projet vise à mettre à niveau les aménagements piétonniers pour sécuriser les déplacements actifs et affirmer leur potentiel, alors même que la situation actuelle, les trottoirs sont étroits, tout comme la largeur d’emprise, que de nombreux encombrements (poteaux, boîtes techniques, bornes incendies, poubelles, marches…) parsèment les trottoirs et impliquent que les piétons utilisent régulièrement la chaussée pour se déplacer. Par ailleurs, le quartier étant celui dont l’indice de canopée est le plus faible de la Ville et où les îlots de chaleur sont nombreux, le projet vise également à végétaliser les rues, principalement par la déminéralisation et la plantation, pour passer d’un taux de canopée actuellement de 10 % à 15 %.

Les esquisses présentées ont pour but de répondre à plusieurs objectifs, notamment en matière d’accessibilité universelle, d’accessibilité pour tous les modes et usages (urgence, livraison, déneigement, etc.) et assurer l’équité entre les différents usagers de l’espace public. La Ville vise également à offrir un cheminement piétonnier sans obstacle, continu, confortable et quatre saisons, avec une attention particulière pour les intersections. Elle souhaite également apaiser la circulation automobile afin de redonner un caractère local aux rues du quartier, augmenter la canopée, bonifier le verdissement, déminéraliser et réduire l’effet d’îlot de chaleur. Elle souhaite en outre maintenir les aménagements cyclables existants sur Philippe-Dorval et Sutherland et maintenir une offre de stationnement sur rue pour les résident‧e‧s du secteur. Ces cinq principes directeurs guident les propositions présentées par la Ville.

Les tronçons visés

Les réaménagements visent les rues Saint-Olivier, entre Philippe-Dorval et Salaberry, et Philippe-Dorval. Il s’agit d’une première phase, rendue possible par les travaux de réfection des infrastructures souterraines (aqueduc et égouts) et de la chaussée qui sont prévus. La Ville saisit en effet désormais l’occasion des travaux d’entretien majeurs pour effectuer des réaménagements de surface. Les travaux qui seront faits présentent en outre la particularité d’être dans un milieu aux multiples contraintes, notamment en raison des réseaux aériens et souterrains, de l’occupation élevée du stationnement sur rue et de la forte pente sur Philippe-Dorval. Et non, il n’est toujours pas question d’enfouir les fils. Il reste également plusieurs analyses à faire sur les entrants souterrains, pour localiser toutes les contraintes (réseaux d’hydro, de gaz naturel, conduites d’eau, etc.), raison pour laquelle la Ville n’est pas encore en mesure de présenter des plans pour toute la longueur des tronçons ciblés.

La rue Saint-Olivier, limitée à 30km/h, est à sens unique et a un débit journalier moyen annuel de 500 à 700 automobiles. Aux heures de pointe, le ratio piétons-automobiles est pratiquement de un pour un. Dans le tronçon visé par les travaux, le stationnement est permis des deux côtés de la rue, pour un total de 58 cases de stationnement. La consultation menée auprès des résident‧e‧s en mars-avril 2022 a montré un fort appui au verdissement et à la sécurité des piétons. En effet, le verdissement est un élément incontournable pour 74 % des répondant‧e‧s, les piéton‧ne‧s pour 67,3 %, le déneigement des trottoirs pour 45,6 %, les cyclistes pour 36,4 %. Le maintien des stationnements n’est une priorité que pour 27,5 % des répondants. La consultation indique également que le verdissement est un incontournable pour 82,4 % des répondant‧e‧s et les piétons pour 73,5 %. La marche représente le mieux les habitudes de déplacement des résident‧e‧s (92,4 %), suivi du vélo et de la circulation automobile (48,5 % chaque). En outre, 51,6 % des répondant‧e‧s indiquent marcher sur les trottoirs en été seulement et 60,6 % d’entre eux marchent dans la rue toute l’année. La moitié des répondant‧e‧s affirment qu’il existe un problème de visibilité aux intersection dans la rue Saint-Olivier, 74,2 % un problème de vitesse. Par ailleurs, ce sont 90,9 % des personnes consultées qui sont en faveur de transformer la rue en rue partagée et 81,9 % sont favorables à la perte de stationnements sur rue pour y arriver.

Deux projets ont été présentés pour la rue Saint-Olivier (voir illustrations ci-dessous). Le premier correspond en quelque sorte à un statu quo, puisqu’il conserve le maximum de stationnements sur rue, mais il sécurise les intersections avec des renflements. Ceci permet du verdissement sur 40 mètres au total (4×5 mètres aux intersections). Le second projet vise l’aménagement d’une rue partagée, avec le retrait des 28 stationnements sur le côté sud, un traitement différent de la chaussée aux intersections, des rétrécissements avec saillies, du verdissement sur plus de 250 mètres. Ceci permet également d’assurer un cheminement piétonnier continu et confortable en toute saison.

Premier scénario pour la rue Saint-Olivier

Deuxième scénario pour la rue Saint-Olivier

Du côté de la rue Philippe-Dorval, qui dispose de 29 cases de stationnement et où l’on constate un débit journalier moyen de 350 à 550 automobiles, les deux-tiers des répondant‧e‧s ont indiqué marcher sur les trottoirs en été seulement et 44,4 % marcher sur rue toute l’année. Selon 55,6 % des répondant‧e‧s, il existe un problème de visibilité aux intersections dans la rue. Les deux tiers des personnes consultées sont en faveur de la transformation de la rue en rue partagée permanente et à la perte de stationnement pour donner plus de place au verdissement et aux piétons. Ici encore, deux scénarios ont été présentés aux participant‧e‧s (illustrations ci-dessous). Le premier propose des saillies aux intersections mais maintient le cheminement piéton existant, tout comme le nombre de case de stationnement. Cela permet de verdir environ 60 mètres de rue. Le deuxième scénario demeure assez conventionnel, mais vise la rue conviviale, en élargissant le trottoir ouest et en retirant 13 cases de stationnement pour verdir sur environ 135 mètres.

Premier scénario pour la rue Philippe-DorvalDeuxième scénario pour la rue Philippe-Dorval

Des scénarios bien accueillis et des enjeux soulevés

En majorité, les scénarios ont été bien accueillis par les personnes présentes lors de la soirée, nonobstant quelques inquiétudes. La plupart des citoyen‧ne‧s accueillent très favorablement les changements et se prononcent pour les scénarios 2, qui proposent plus de verdissement, d’aménagements sécuritaires, de circulation apaisée.

Au sein des groupes de travail, quelques discussions ont été plus houleuses, certaines personnes présentes ne souhaitant voir aucune modification dans leur environnement. Les problématiques de sécurité, de vitesse, et de circulation de transit sur Saint-Olivier ont été nommées à plusieurs reprises et si les aménagements proposés semblent répondre aux inquiétudes, il a été proposé d’aller plus loin dans la réflexion. Il a même été proposé que l’on modifie le sens de la circulation entre Sutherland et Salaberry, pour empêcher la circulation de transit et augmenter la sécurité des usagers. La transformation en rue partagée est perçue de manière positive, et certaines personnes présentes ont encouragé la Ville à aller encore plus loin en matière de verdissement (pour s’assurer notamment que l’on puisse avoir des arbres et non juste des bacs de fleurs) et de protection des usagers vulnérables de l’espace public. Plusieurs propriétaires se sont montrés favorables à l’idée d’avoir des bacs de plantation le long de leurs immeubles.

Par ailleurs, la question d’une vision globale de l’aménagement se pose, pour éviter que les problèmes actuels (stationnement, transit) ne soient évacués vers les quartiers environnants. Une des craintes exprimées vise à s’assurer que le quartier Saint-Jean-Baptiste ne se transforme pas en un quartier où les résident‧e‧s permanent‧e‧s ne peuvent se stationner, à l’instar du Vieux-Québec.

Enfin, l’enjeu du stationnement est ressorti. Si une grande partie des citoyen‧ne‧s présent‧e‧s n’ont pas d’enjeu majeur avec la perte de cases de stationnement, il convient de tenir compte des besoins en matière d’autopartage, de livraisons (notamment du dépanneur au coin Philippe-Dorval et Saint-Olivier), de visites de proches, voire de s’assurer que les vignettes de stationnement répondent réellement aux besoins des résidents locaux.

Les suites du projet

La Ville procèdera à l’analyse et l’intégration des commentaires et préoccupations émis par les citoyen‧ne‧s au cours de l’été 2023, en vue de produire des plans finalisés. Ces plans seront officiellement présentés aux citoyen‧ne‧s à l’automne 2023, période durant laquelle on procèdera également à la réalisation des plans et aux devis. On prévoit que les travaux débuteront au cours du printemps ou de l’été 2024, pour s’achever à la fin de l’automne 2024.

Les travaux qui seront réalisés l’année prochaine devraient être poursuivis par une deuxième phase, pour réaménager les rues Sutherland, Saint-Olivier entre Philippe-Dorval et Sutherland ainsi que la rue de la Tourelle, jusqu’à Sutherland. Les modifications apportées aux aménagements de surfaces sont envisagées à l’échelle plus globale du quartier, dans le cadre d’un travail de planification en vue d’offrir des cheminements piétonniers, sans obstacle, continus, confortables, quatre saisons et végétalisés. Cette planification a également pour but d’augmenter la canopée, bonifier le réseau cyclable, régulariser et uniformiser l’offre de stationnement. Enfin, une démarche d’analyse de l’offre en stationnement pour l’ensemble du quartier est prévue dans les prochaines années.