C’est un objet théâtral singulier et d’une rare qualité que nous propose le Périscope en ce mois d’octobre. Merci d’être venus nous prend délicatement par la main pour nous faire cheminer sur un sujet complexe et sensible, celui du suicide et de ses conséquences sur celles et ceux qui poursuivent leur vie là où une autre s’est arrêtée.
Seul en scène, l’Acteur, personnage sans nom, tente de comprendre les causes du suicide de son grand frère décédé il y a quatorze ans. Dans un touchant monologue alternant entre autobiographie et autofiction, Gabriel Morin nous parle de santé mentale et de suicide, de ses causes et de ses effets. Tout cela avec une grande finesse et une prévenance bienvenue. Alternant les moments tendres et sensibles, drôles et doux ou plus sombres, Merci d’être venus est une pièce définitivement surprenante. Il s’agit d’une pièce qui vient remuer beaucoup de choses en soi, et qui le fait de manière sensible, délicate et intelligente. Les nombreuses interactions avec le public se font de la manière la plus naturelle qui soit et si les émotions sont présentes tout au long de la prestation, il n’y a de malaise à aucun moment.
La pièce nous invite à l’introspection, sur notre rapport au suicide, à la mort en général. Elle questionne également notre vision de la santé mentale et de l’aspect carcéral de certains traitements psychiatriques. Elle nous rappelle surtout combien nos sociétés occidentales ont évacué la mort, sa matérialité, sa raideur froide. Et combien l’absence des êtres perdus se traduit par le vide et les souvenirs qui s’effacent pour ne laisser que la mémoire du geste de suicide.
L’écriture simple et lumineuse de Gabriel Morin nous permet de passer avec lui par toutes les étapes du deuil, de la sidération à la colère et ses vignes insidieuses qui remplissent toutes les cellules du corps, de la culpabilité qui garde le passé bien présent au pardon et à la libération. Soutenue par une mise en scène et des allégories particulièrement bien utilisées et mises en scène (merveilleuse plongée en eaux profondes!), cette écriture réussit à combler – un peu – le vide laissé par les disparus. Elle nous rappelle surtout combien il faut dire aux gens qu’on les aime. Merci d’être venus réussit également le tour de force de proposer des solutions, en lien avec le Centre de prévention du suicide de Québec (dont un intervenant est présent dans la salle tout le long du spectacle).
Merci d’être venus n’est pas une pièce pour tous, mais est très certainement la performance la plus subtile, délicate, mature et documentée que l’on puisse voir sur le sujet. On vous la recommande sans retenue.
Informations complémentaires
- Du 17 au 28 octobre
- Billets et autres informations
- Texte: Gabriel Morin
- Mise en scène: David Strasbourg
- Conception musicale : Philomène Gatien
Centre de prévention de suicide de Québec
- Téléphone:1-866-APPELLE (277-3553)
- Site internet: https://www.cpsquebec.ca/.
- Clavardage possible sur le site.
- Intervenants disponibles 24/7.
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