L’atelier hybride (en personne au centre Lucien Borne et en ligne) du 3 juin a réuni près de 200 personnes. Pour les personnes y participant, ce fut l’occasion d’échanger de manière franche et constructive sur la problématique du stationnement, d’un point de vue réglementaire (et non de l’aménagement), en vue d’élaborer la Politique de stationnement et nourrir les réflexions sur ses implications locales.

Après avoir présenté différents enjeux et données factuelles sur le stationnement sur rue et hors rue, les participant‧e‧s ont pu échanger dans le cadre d’ateliers et proposer leurs solutions quant à cet enjeu qui est régulièrement mentionné comme une frustration pour les résident‧e‧s du Faubourg. Pour Mélissa Coulombe-Leduc, conseillère municipale, il est “important d’avoir cette réflexion, nonobstant les réaménagements pour lesquels on vous a consultés ces derniers mois”. Rappelant que la Ville travaille actuellement sur le plan de mobilité et le plan d’urbanisme (qui date de 2005), elle a mentionné que la réflexion débutait par le quartier mais allait nécessairement aller au-delà. Invitant les participant‧e‧s à se “projeter dans un avenir sans travaux”, elle a précisé que plusieurs enjeux trouveraient une réponse à l’échelle locale et d’autre à l’échelle de la ville.

Pour la Ville, le statu quo n’est plus une option et “la solution miracle n’existe pas. C’est un bouquet d’actions, sur différentes composantes du stationnement, qui amèneront un changement progressif. La solution unique pour toute la ville n’existe pas. C’est une approche différenciée par milieu qui fera la différence. La Politique qui sera adoptée devra être élaborée par souci d’équité entre les citoyens, pour façonner un équilibre entre offre et demande favorable à un milieu de vie agréable, durable et sécuritaire, par souci de cohérence face au grand nombre de décisions à prendre en lien avec le stationnement et de manière à atteindre les cibles en matière de développement durable.

Des faits saillants

Rappelant les quatre variables sur lesquelles la Ville peut agir pour réguler l’offre et la demande en matière de stationnement, soit l’espace alloué au stationnement, le moment et sa durée, sa tarification et le contrôle qui en est fait, la Ville a présenté un grand nombre de faits saillants permettant d’orienter les discussions. Le quartier est marqué par un faible taux de motorisation (on compte 0,53 véhicule par ménage comparé à 1,28 à l’échelle de la Ville) et 23 % de ses ménages sont abonnés au service Communauto (dont c’est le plus fort taux de pénétration à Québec), qui offre 8 stations dans le Faubourg pour 25 véhicules. Selon les données de la SAAQ, on recense 2 766 véhicules immatriculés dans le quartier, dont 1 881 véhicules immatriculés dans les zones 1 et 2.

Par ailleurs, les habitudes en mobilité durable sont bien ancrées dans le quotidien du quartier, puisque 51,8 % des déplacements des résident‧e‧s qui sont des déplacements actifs et seulement 28,8 % de tous les déplacements sont réalisés en automobile (conducteur ou passager). La Ville relève également un phénomène de “véhicules au bois dormant”, où certains véhicules munis de permis de stationnement restent au même endroit pendant de longues périodes sans être utilisés, un phénomène accentué par le télétravail. On observe également un impact de la Colline parlementaire, qui draine énormément de trafic: près de 4 200 véhicules y sont attirés en heure de pointe le matin (pour un total de plus de 7 200 véhicules sur 24h) et ces véhicules trouvent des places pour se stationner.

Stationnement sur rue

On recense près de 1 275 espaces de stationnement sur rue dans les zones 1 et 2 et la Ville a vendu cette année 1 747 permis de stationnement sur rue pour les zones 1 et 2 (zones sans limite de permis par adresse), dont 1 641 permis pour résident‧e‧s et 106 permis pour commerçants. On compte 8 % d’espaces de stationnement tarifés à l’heure (parcomètre) et 30 % des adresses des zones 1 et 2 bénéficient d’au moins un permis de stationnement sur rue. Ceci inclut 1 300 adresses qui possèdent une seule vignette et 216 qui en détiennent deux ou plus (pour 231 véhicules). Enfin, 48 % des bordures de rue du Faubourg (zones 1 et 2) sont réglementées en stationnement ou arrêt interdit.

La majorité des participant‧e‧s s’est prononcée en faveur de prioriser les résident‧e‧s en ce qui a trait au stationnement sur rue, que ce soit par l’émission d’un nombre adéquat de vignettes (et qu’advenant des places restantes, elles ne soient proposées que dans le cadre d’un 2e tour), par une amplitude horaire correspondant à leurs habitudes de vie et de travail, par l’interdiction de stationner pour les non-résident‧e‧s ou en tenant compte de l’impact des grands événements. Une priorisation qui doit s’accompagner d’un meilleur contrôle dans les rues du Faubourg. Face à l’enjeu du stationnement temporaire, on propose un système de vignettes temporaires, que ce soit pour les visiteurs ou les travailleurs, voire la création d’une application, permettant par exemple de transmettre une immatriculation distincte de celle pour laquelle on possède déjà une vignette ou encore de vérifier où il reste des espaces de stationnement disponibles. Une telle application pourrait également centraliser l’offre et la demande en termes d’espaces.

Il a également été proposé de restreindre les utilisations longues des espaces (par exemple en cas de travaux) ou de facturer un coût de la vignette en fonction du gabarit de la voiture (les gros véhicules payant un tarif plus élevé que les petites voiture), de limiter le nombre de vignettes par ménage et d’interdire l’émission de vignettes disposant déjà d’un stationnement (et le louant mensuellement à d’autres). En revanche, il pourrait être officiellement permis que les stationnements privés puissent être loués.

Autres propositions émises: la délimitation des espaces sur la chaussée, vérifier les portes cochères (et faire retirer les interdictions de stationnement qui n’ont plus lieu d’être ou en faire des zones de débarcadère), mettre les bornes incendie du côté sans stationnement et prévoir du stationnement souterrain pour les nouvelles constructions.

En ce qui a trait à la mobilité durable, des citoyen‧ne‧s ont proposé que l’on offre des racks à vélo sécuritaires tout au long de l’année, que l’on favorise l’autopartage (que ce soit en augmentant les espaces de stationnement, en subventionnant des espaces commerciaux pour qu’ils accueillent des voitures Communauto, ou encore en prévoyant la possibilité de stationner sur rue). Il a également été mentionné qu’il est difficile de convaincre les automobilistes de se départir de leur voiture tant que le service de transport en commun ne s’améliore pas ou n’est pas plus abordable financièrement et qu’il est important de tenir compte de la distance de marche pour rejoindre un stationnement ou une option de transport en commun. Enfin, il a été demandé à la Ville de présenter un plan clair et une vision globale quant à l’avenir de la mobilité dans le quartier, et non rue par rue comme cela se fait dans le cadre des travaux et des aménagements de surface.

Stationnement hors rue

La Ville inclut les stationnement hors rue dans ses réflexions. On entend par là les espaces de stationnement municipaux, les stationnements privés associés à un logement (on en compte un peu plus de 1 200 dans le quartier) ou encore les quelque 1 700 espaces de stationnements commerciaux dans le secteur,et à proximité, ce qui représente un important réservoir de stationnement. On recense ainsi 1 032 places au Centre des congrès (Place Québec, 200 places dans la Tour Banque nationale ou encore 500 places dans l’édifice Place Haute-Ville. En bordure du quartier, on parle des stationnements de la Place d’Youville, de l’Édifice Marie-Guyart, de Jacques-Parizeau, du Bon Pasteur, etc.

Parmi les propositions émises par les participants, on retrouve l’idée de resserrer l’écart entre la tarification d’une vignette (150 $ pour une année) et celui d’un stationnement commercial (130 $ par mois environ), par exemple en négociant des tarifs pour les résident‧e‧s dans ces espaces ou en s’assurant que des personnes titulaires d’une vignette zone 1 ou 2 puissent s’y stationner. L’enjeu de l’information a également été mentionné. Que ce soit pour diffuser le coût réel des stationnements sur rue ou pour informer sur les options de stationnement disponibles, pour rediriger les travailleurs vers les stationnements commerciaux, etc. En outre, il a été proposé que les stationnements des commerces puissent être accessibles aux résident‧e‧s en dehors des heures d’ouverture des commerces, ou encore que les ruelles puissent être déneigées l’hiver pour que les automobilistes puissent s’y stationner à l’année longue.

De manière plus générale, la question des incitatifs a été soulevée, pour promouvoir l’offre en transport en commun auprès des personnes qui fréquentent le quartier, de manière à les récompenser pour leur choix durable.

Prochaines étapes

Les personnes n’ayant pu assister à la rencontre du 3 juin ou souhaitant s’exprimer peuvent le faire en ligne jusqu’au 24 juin, que ce soit en partageant un mémoire ou simplement ses commentaires sur les solutions à implanter dans le Faubourg. En ce qui a trait au quartier Saint-Jean-Baptiste, le plan local de stationnement et le plan d’action seront élaborés au cours de l’été et présentés en séance publique cet automne. Les modifications réglementaires seront implantées à partir de cet automne 2024 et hiver 2025.

Quant à la Politique de stationnement de la Ville, sa version préliminaire sera également préparée au cours de l’été et une consultation aura lieu au cours de l’automne. Les modifications qui en découleront ainsi que les différents suivis afférents auront lieu durant l’hiver 2025 et on prévoit que la version finale soit présentée et adoptée d’ici à la fin du printemps 2025.

Informations complémentaires

Il est possible de consulter toute la documentation présentée lors de l’atelier du 3 juin sur la page consacrée au projet.