Dans Les Forteresses, présenté au Diamant dans le cadre du Carrefour international de théâtre, l’auteur et metteur en scène Gurshad Shaheman se fait la courroie de transmission des récits de sa mère et de ses deux tantes, trois femmes de tête nées en Iran dans les années 1960 et ayant vécu la révolution islamique de 1979.
Sur scène, un salon de thé auquel sont conviés quelques membres du public. Les trois femmes leur offrent une friandise, une boisson chaude : ce spectacle se déroulera sous le signe du partage.
Trois interprètes, Guilda Chahverdi, Mina Kavani, Shady Nafar, elles aussi d’origine iranienne, seront leurs voix. Cinquante ans de résilience se dévoilent alors. Sexisme et inégalités des chances, contrôle coercitif et violence conjugale, répression aux mains d’un régime théocratique, hostilité de la société d’accueil : ces femmes tombent de Charybde en Scylla, autant d’incarnations du patriarcat.
Et pourtant, elles dansent
Les ambiances sonores aiguisent le caractère angoissant de ce récit déjà lourd des violences qui guettent de toutes part nos protagonistes. Livré de manière poignante, le texte, à lui seul d’une grande puissance évocatrice, n’est illustré sur scène que par quelques ébauches de tableaux – ce qui suffit amplement.
La présence sur scène de ces trois femmes désormais libres de danser, libres de sourire et de vivre comme elles l’entendent, intensifie la résonance de cette expérience humaine en rendant le public, à portée de main, directement témoin de leur résilience.
Mais cela rappelle aussi à quel point la menace d’un renversement de nos droits demeure tout près, tapie dans l’ombre.
Les Forteresses est à nouveau présenté au Diamant ces vendredi 7 juin et samedi 8 juin.
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