Le 3 juillet prochain au Passage Olympia, dans le cadre des festivités entourant l’anniversaire de la Ville de Québec et le centenaire des Archives de la Ville de Québec, le public est invité à participer à une mise en valeur festive d’archives inédites et surprenantes, célébrant l’histoire populaire de Québec.

Il peut parfois sembler difficile de renouveler la façon dont on diffuse et on met des archives en valeur, alors même que le public manifeste un intérêt évident face aux traces du passé qu’il n’a que peu ou pas connu. Les fonds sont nombreux, tant publics que privés, et on est parfois pris de vertige devant la masse de documents auxquels on peut avoir accès. C’est pourtant ce qu’ont entrepris Les Radios à Roulettes, un organisme culturel qui se consacre à la création de balados et d’expériences sonores pour toutes les oreilles. Réalisé par Maude Pétel-Légaré, coproduit par Catherine-Eve Gadoury, directrice des Radios à roulettes, et la ville de Québec sous la gouverne d’Isabelle Drolet, conseillère à la mise en valeur du patrimoine de la Ville de Québec, le projet de balado permettra d’éclairer sous un angle inusité des archives textuelles et photographiques, mais surtout des archives sonores et audiovisuelles.

Le choix du Passage Olympia s’est rapidement imposé dans le projet. Proposé par Isabelle Drolet, il a fait consensus. “On cherchait un lieu rassembleur à l’extérieur, ni trop grand, ni trop petit, un lieu rassembleur” indique Catherine-Ève Gadoury. “C’est un lieu d’histoire en soi. Et comme tout ce que l’on fait est enraciné dans la vie de quartier et est lié à la micro-histoire, le Passage Olympia s’est imposé” précise-t-elle. “Un de nos chroniqueurs parle d’ailleurs du Passage Olympia, ce lieu fait partie des archives” ajoute Maude Pétel-Légaré.

Un projet festif

“Je voulais faire un balado joyeux, vivant, une célébration devant public” raconte Catherine-Ève Gadoury. C’est ainsi que la formule cabaret s’est imposée: en proposant à des invité‧e‧s provenant de différents milieux une carte blanche à partir d’une sélection d’archives, on offre une activité originale, ludique, accessible et différente au public. Ainsi la comédienne Carolanne Foucher explorera le métier disparu des arrangeurs de parapluies, l’historienne Evelyne Ferron nous plongera dans l’histoire culinaire de Québec, le journaliste Alexandre Duval nous fera entendre le témoignage inédit du chauffeur de taxi de Duplessis. On parlera également d’histoire culinaire de Québec, des cinémas disparus, de la rébellion des ouvrières de la Dominion Corset, , des règlements municipaux loufoques… L’historienne Evelyne Ferron, la drag-queen La Gladu, les journalistes Catherine Lachaussée (Radio-Canada) et Valérie Gaudreau (Le Soleil), l’architecte Erick Rivard, l’animatrice Marjorie Champagne, l’auteure Isabelle Hubert et David Nadeau-Bernatchez offriront également leur interprétation des archives.

Entre chaque chronique, le public pourra écouter des extraits d’archives. “Il existe plein de façons d’interpréter des archives pour les rendre intéressantes pour le public, mais aussi pour l’audio” explique Maude Pétel-Légaré. “Nous voulions que ça soit festif, mais aussi intéressant à écouter et je crois que nous avons trouvé un bel équilibre” ajoute-t-elle. “Tous nos chroniqueurs sont de très bons vulgarisateurs!”. Le tout sera animé par le comédien Paul Fruteau de Laclos (qui offrira également un numéro), accompagné de la Ligue d’improvisation musicale de Québec. Des invités spéciaux seront aussi de la partie, comme Jérôme 50 et l i l a.

Une chasse aux trésors dans les archives

Faire une sélection quand on a accès à autant d’archives n’est pas une mince affaire. Outre les rayonnages d’archives textuelles, qui si on les rangeait debout l’une à côté de l’autre, couvriraient une distance linéaire de dix kilomètres, les Archives abritent également 160 000 documents cartographiques et dessins architecturaux et environ 300 000 documents iconographiques (négatifs, photographies, cartes postales, gravures, stéréogrammes, affiches, etc.).

Simon-Olivier Gagnon, doctorant en archivistique à l’Université Laval, a accompagné le projet pour tout ce qui relève le la recherche. “Face à l’énorme quantité d’archives, nous avons privilégié les archives sonores et audiovisuelles, et Simon-Olivier a été mandaté pour trouver des archives, en particulier au Laboratoire d’ethnologie urbaine de l’Université Laval” explique Maude Pétel-Légaré. “On pensait qu’il y avait peu d’archives… et il est arrivé avec des centaines et des centaines d’heures!”. Catherine-Ève Gadoury souligne que sans le travail du duo Maude & Simon-Olivier, “on serait arrivés à un cabaret fun, mais sans son. Là, on a trouvé des pépites, juste de l’inédit enraciné dans l’histoire populaire de la ville de Québec, celle des gens ordinaires”.

Le chercheur explique que le fonds F1415, “Collection Ville de Québec” dont proviennent une grande partie des archives qui seront mises en valeur le 3 juillet prochain, n’est pas numérisé. Ce fonds contient quelque 700 heures d’enregistrement de récits de vie, de la mémoire vivante de la ville de Québec, réalisés au début des années 1990, couvrant la période allant de 1910 à 1980. Ces archives ont été versées aux Archives de Folklore et d’Ethnologie de l’Université Laval (AFEUL). “La vaste majorité des enregistrements auxquels j’ai eu accès sont d’une grande qualité sonore, ce qui fait en sorte que j’ai choisi en fonction du propos des témoins. Parmi le récit de vie numérisé d’une vingtaine d’hommes et de femmes ayant vécu dans la ville de Québec, il y a parfois des phrases prononcées qui sonnent, qui ont encore aujourd’hui un écho, que ce soit en lien avec la vie de quartier ou des lieux de la ville qui ont été importants et qui le demeurent à travers les décennies – comme la rue Saint-Joseph, la rue Saint-Jean” précise-t-il.

Le lien social par l’archive

Au-delà de l’émotion et des souvenirs que permettent les archives, le projet de balado vise également à créer du lien. Pour Simon-Olivier Gagnon, “Tout se joue dans la manière de conter, dans la manière de raconter une histoire qui réintègre le témoignage d’un autre, d’une personne qui a vécu au siècle dernier. En intégrant cette parole enregistrée dans une mise en récit, il y a toutes sortes de façon de créer du lien à propos de l’histoire du Québec, de la ville de Québec, des hauts lieux dans l’imaginaire collectif populaire”. L’activité du 3 juillet, en étant ouverte au public et en diffusant ces archives hors d’un cadre académique, contribue à ce que l’on s’approprie ces fonds et à ce qu’on comprenne leur importance. Le jeune chercheur souligne d’ailleurs à quel point des structures de médiation culturelle comme les Radios à roulettes sont importantes à cet égard. “Les services d’archives sont débordés. Ça prend de telles structures pour valoriser les fonds, les mettre dans l’espace public, faire en sorte que les services d’archives soient en rapport avec un public autre que les chercheurs” dit-il. “Et ça rappelle le bien-fondé des institutions archivistiques!” conclue-t-il.

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