Pour ouvrir sa saison 2024-2025, le Périscope réserve un accueil tout en douceur, grâce à Caminando & Avlando, reprise d’une production de la compagnie Ubus Théâtre. En explorant les thèmes de l’exil et de la migration, la pièce nous fait traverser un XXe siècle bouleversant, tout en nous offrant une ode délicate à la résilience.
Caminando & Avlando s’inspire librement de la vie de Jeanne Nadjari, dite la Nona, grand-mère d’Henri-Louis Chalem, concepteur et conseiller dramaturgique, qui joue son propre rôle dans la pièce. Une femme à la vie ponctuée d’exils multiples, depuis sa naissance à Salonique en Grèce en 1913, à son départ pour l’Égypte pour épouser son cousin Henri quelques années plus tard, puis vers le Brésil pour enraciner ses enfants dans une terre où ils seraient à l’abri, après avoir perdu toute sa famille et le monde qu’elle connaissait, assassinés parce que juifs.
Cette touchante traversée du siècle se fait au gré des catastrophes et des exils, des amours naissantes et des deuils, des familles qui disparaissent dans les horreurs de l’histoire et de celles que l’on se recrée en se promettant de les protéger à tout prix. Le thème central de Caminando & Avlando est celui de la migration, du déracinement, de la migration forcée et de la quête d’un lieu d’appartenance. La grande force d’Ubus Théâtre est d’aborder ces phénomènes historiques, la grande Histoire, en se concentrant sur la manière dont les individus vivent ces expériences, de manière profondément intime et personnelle. Ici, les migrations forcées du XXe siècle sont confrontées à un récit individuel plein de douleur, de résilience et d’espoir et soulignent l’importance de se souvenir et de donner une voix aux personnes oubliées de l’Histoire.
Le temps de Caminando & Avlando, le fameux bus jaune de la compagnie se transforme en cabine d’avion, avec son personnel de bord, son divertissement et son capitaine qui nous font partager un voyage, un périple profondément humain. Imaginée dans le style d’un docu-fiction, la pièce est ponctuée de photographies et autres archives ainsi que de nombreux éléments visuels simples et poétiques au sein desquels les marionnettes évoluent. Ce décor-cocon est minimaliste mais ô combien évocateur de la précarité des exilés, à l’image des valises qui deviennent des paysages, des cartes postales qui s’échangent, des photos de familles, des lieux dont on ne peut que se souvenir car ils ont désormais disparu. Tout rappelle l’errance, la mémoire et l’identité qu’il faut préserver et les souvenirs précieux des vies fragmentées ou oubliées.
Caminando & Avlando est aussi un voyage sensoriel, dont on ressort enveloppé d’odeurs suaves et sucrées, de rose et de melon, bercés au son du ressac de la mer. Dans l’espace clos et intime du bus, la proximité avec la scène et les acteurs permet au public de devenir le témoin direct d’un récit de vie et de le préserver dans la mémoire collective. Célébrant la force de la vie et de l’amour, la pièce nous rappelle que la vie est un chemin, un périple, à destination de tous les possibles, tant que l’amour nous porte sur ses ailes.
Ubus Théâtre, une compagnie qui fête ses vingt ans
En attendant qu’on vienne le chercher pour monter dans le bus, le public pourra flâner dans le hall du Théâtre Périscope et se replonger dans les souvenirs des pièces précédentes de la compagnie Ubus Théâtre, par le biais de petites installations reprenant les éléments les plus significatifs des huit productions créées depuis sa fondation en 2004. On appréciera également entendre l’histoire si émouvante et pleine d’amour filial du premier bus jaune de la compagnie.
Informations complémentaires
- Représentations du 17 septembre au 5 octobre
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- Texte : Agnès Zacharie
- Mise en scène : Martin Genest
- Assistance à la mise en scène : Pier Porcheron
- Interprétation : Henri-Louis Chalem ; Eric Leblanc & Agnès Zacharie
- Conseiller dramaturgique : Henri-Louis Chalem
- Marionnettes et accessoires : Pierre Robitaille assisté de Annabelle Roy avec l’aide de Vano Hotton & Zoé Laporte
- Décor : Hugues Bernatchez
- Environnement sonore : Pascal Robitaille & Alexandre Zacharie
- Éclairage & vidéo : Henri-Louis Chalem
J’ai trouvé cet article captivant, surtout la manière dont il décrit les expériences et les histoires de ceux qui traversent ces chemins d’exil. La juxtaposition entre « caminando » et « avlando » reflète bien la richesse de ces récits, mêlant mouvement et parole. J’ai particulièrement apprécié les témoignages qui révèlent la résilience et la force de ceux qui sont contraints de quitter leur terre natale. C’est un sujet poignant, traité avec beaucoup de sensibilité.