Nous publions chaque mois un extrait de l’autobiographie de Malcolm Reid, écrivain résidant depuis de nombreuses années dans le Faubourg, et citoyen engagé. Il habite Québec depuis longtemps, mais pas depuis toujours. Ici, par tranches, il écrit le récit de son chemin vers… Chaque premier samedi du mois, nous vous proposons un chapitre de « Roosevelt Avenue ». 

À mon arrivée à Sherbrooke, deux hommes sont devenus m es guides. Mes supérieurs. Mes mentors. Mes amis et camarades newspapermen.

Je m’en rends compte maintenant. Gerry McDuff et Hugh Doherty étaient des jeunes hommes. Mais je les voyais alors comme mes seniors, tellement j’étais un louveteau.
A cub reporter.

Gerry McDuff était un homme de trente ans à peu près, beau dans un style juvénile et désinvolte. Il était chef des nouvelles, et son devoir était d’écrire dans l’assignment book chaque soir, à l’intention de ses reporters, quelque chose comme ceci:

  • JIM DAVIS: séance du conseil municipal à l’Hôtel de ville.
  • BERNIE BROWNRIGG: Faits divers autour de Cowansville.
  • IRWIN BLOCK: Point de presse du député Rénald Fréchette. Appel de routine au « cop-shop » (poste de police).
  • MALCOLM REID: Soirée de vétérans à la Légion canadienne.

Le matin quand les reporters se postaient devant leur machine à écrire, Gerry pouvait élaborer sur son ordre… « Malcolm, try to get something juicy out of those veterans. Some colour. There might even be an old soldier of World War I ».

Un jour d’automne 1961, Gerry me lance: « Malcolm, viens à la maison chez nous samedi après-midi! On regardera le match de la Coupe Grey » (c’est le championnat du football canadien, apprécié parce que la ligue contient entièrement des villes du Canada, et ils jouent une variété de football qui n’est ni européenne, ni américaine).

Gerald McDuff était un homme qui comprenait complètement la Révolution tranquille qui secouait le Québec français dans ces années-là. Il venait de Montréal-Nord et sa culture était à moitié canadienne-française, avec une certaine saveur de la clase ouvrière. Il pouvait dire: « C’était dû. On la voyait venir ». Il avait écrit plusieurs années pour le Montreal Star, et avait pris a job au Record, je crois, parce que sa femme et ses enfants avaient des liens sherbrookois.

Huh Doherty me semblait voir cette révolution politique, sociale, religieuse, beaucoup plus de l’extérieur. Il parlait français mais ce n’était pas enraciné en lui. Hugh était le patron du Sherbrooke Record, un patron approchable, jeune, de belle allure et informel lui aussi. Mais je savais beaucoup moins de choses sur Hugh. Il était canadien, apparemment ayant séjourné en Nouvelle-Zélande quelque temps, et il se tenait dans son bureau, il écrivait l’éditorial du jour.

Il n’était pas, cependant, le traditionnel personnage d’éditeur-propriétaire-de-petite-ville. Son patron était à Toronto, au grand journal conservateur The Telegram, et s’appelait John Bassett. Bassett s’intéressait peu au record et à Sherbrooke, mais communiquait ses volontés de temps en temps.

Alors dans le corset de sa job et de la nature discrète de sa personnalité, monsieur Doherty conduisait le brave petit Record avec noblesse et considération pour ses journalistes.

Bientôt, je vous donnerai quelques exemples de cela.

Pour l’instant… je dis que si ma mémoire est bonne, Hugh nous a rejoints chez la famille McDuff pour le match de la Coupe Grey (est-ce que les Alouettes de Montréal ou les Roughriders d’Ottawa ont gagné?!

(Ou peut-être les Rough Riders de la Saskatchewan?)

Retrouvez ici le soixante-seizième chapitre de Roosevelt Avenue.