Brut, fracassant, radicalement punk, le texte de Virginie Despentes adapté par Angela Konrad prend d’assaut la scène du Diamant ces 3, 4 et 5 octobre.
Dans Vernon Subutex 1, adaptation du roman de Virginie Despentes, le personnage éponyme (David Boutin), un ancien disquaire, se voit réduit à parasiter d’anciennes connaissances. Vernon dit à qui veut l’entendre qu’il détient trois cassettes censées renfermer le « testament » d’Alex Bleach, chanteur décédé d’une overdose. D’aucuns cherchent à mettre la main sur ces cassettes tandis que d’autres ressassent leurs souvenirs de Bleach : sexe, drogues et rock and roll.
Virginie Despentes donne encore ici voix aux personnes marginales, prostituées et sans-abri. Dans Vernon Subutex, il s’agit d’une constellation de personnages souvent plus ou moins antipathiques, mais envers qui on arrive tout de même la plupart du temps à avoir une certaine empathie – grâce au texte, mais aussi, grandement, au travail d’interprétation des actrices et acteurs.
Subutex et ses pairs de la génération X, blancs cinquantenaires, s’accrochent à leur jeunesse révolue et à une image partiellement effacée d’eux-mêmes, se complaisent pour certains dans le racisme et la misogynie décomplexée, se posent comme victimes de l’époque, du féminisme.
Truculent, sans complexe
Le collage de Vernon Subutex juxtapose les contrastes sans poncer ce qui dépasse. Ambiance rock, musique forte (soulignons la conception sonore de Simon Gauthier), vêtements vintage (costumes de Marie-Audrey Jacques) et idées crues : la mise en scène d’Angela Konrad se veut aussi punk que peut l’être l’écriture de Despentes.
La pièce combine astucieusement différents moyens narratifs : animations, textos et passages du roman projetés sur l’écran; voix hors champ. Tandis qu’on passe d’un lieu à l’autre, les mêmes meubles habitent tous les décors, évoquant le caractère commun de l’expérience humaine – malgré l’écart entre la sans-abri et l’ultrariche qui répugnerait à voyager en classe économique.
La toujours impeccable Anne-Marie Cadieux s’éclate visiblement dans le rôle très physique de Sylvie, excessive et déjantée. David Boutin brille dans le rôle-titre; chaque personnage, même fugitif, est campé avec incandescence.
Au terme de Vernon Subutex 1, intense et explosive, on n’a qu’une envie : poursuivre l’aventure.
Informations complémentaires
- Vernon Subutex 1, jeudi 3 et vendredi 4 octobre; version intégrale le samedi 5 octobre
- Autres informations
- Texte : Virginie Despentes
- Conception, adaptation, scénographie et mise en scène: Angela Konrad
- Coproduction : La Fabrik et Usine C
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