La ville présentait ce 30 novembre les aménagements qu’elle compte réaliser en 2023 et 2024 pour transformer plusieurs rues du quartier en rues plus conviviales, voire partagées. Des aménagements bien accueillis par les participants, et qui sont l’aboutissement de plusieurs revendications citoyennes.

Cette soirée, à laquelle une quarantaine de personnes ont assisté, s’inscrit dans la continuité des consultations lancées au printemps dernier et de l’atelier d’échange qui s’était tenu par la suite en juin. “Vous avez été partie prenante des résultats”, mentionnait Mélissa Coulombe-Leduc en début de rencontre, se réjouissant que la Ville donne suite à des demandes de longue date. “C’est un beau projet fait en collaboration, avec les citoyens, la Ville et nous les élus » a-t-elle ajouté. La Ville a également tenu à rappeler les principes qui guidaient ses interventions pour le réaménagement: offrir un cheminement piétonnier sans obstacle, continu, confortable et quatre saisons; des aménagement assurant un haut niveau de service pour les modes de déplacement actifs; une bonification du verdissement et de la canopée; une lisibilité accrue des parcours notamment pour les personnes en situation de handicap; et le maintien d’une offre de stationnement sur rue pour les résidentes et résidents du secteur.

À noter également que l’enfouissement des poteaux d’Hydro-Québec n’est toujours pas au menu et que les aménagements proposés doivent composer avec cette particularité du quartier, non seulement en raison des coûts mais également parce que cela n’est pas compatible avec le système racinaire des arbres que l’on entend planter sur la zone. Des démarches sont également en cours pour prioriser le stationnement des résidentes et résidentes du quartier, les visiteurs ou proches-aidants. Le stationnement sur Saint-Gabriel pourrait ainsi être réservé uniquement aux détenteurs de vignettes, avec des débarcadères ou des stationnement de courte durée ça et là.

Rue Claire-Fontaine

Le scénario retenu pour la rue Claire-Fontaine maintient les deux sens de circulation ainsi que 12 cases de stationnement du côté ouest (on ne retire que deux cases). Il prévoit la plantation de plusieurs arbres du côté ouest et du côté est, ainsi que la possibilité de microverdissement le long des façades est (par des espaces de plantation aménagés au sol). Des gonflements de trottoirs sont ajoutés aux intersections avec les rues Lockwell et Saint-Gabriel afin de sécuriser les traverses piétonnes, ainsi qu’au niveau de l’entrée du stationnement de l’ensemble résidentiel du 920 de Claire-Fontaine. Des dalles podotactiles (c’est-à-dire présentant une texture que les personnes à mobilité réduite ou atteintes d’une déficience visuelle peuvent reconnaître au toucher (par les pieds, au travers des chaussures, ou à la canne blanche) pour se déplacer de manière autonome).

Rue Lockwell

À la suite de la rencontre de juin, le scénario 2, proposant notamment un aménagement surélevé côté sud pour les cyclistes, avait été retenu. Il a néanmoins dû être retravaillé suite aux différents relevés qui ont montré que la largeur de l’emprise était plus étroite qu’initialement estimée, que la localisation des poteaux rendait difficile l’implantation prévue de la piste cyclable et que les racines des arbres existants souffriraient des aménagements, il a été décidé de revoir le concept. Le sens unique vers l’ouest est maintenu, la chaussée est partagée entre les cyclistes et les automobilistes en direction ouest, une bande cyclable à contresens est ajoutée pour aller vers l’est. Il est prévu d’ajouter des arbres dans les gonflements aux intersections avec Turnbull et Claire-Fontaine et les aménagements permettent de maintenir 48 cases de stationnement du côté nord et sud. À noter que des dalles podotacticles sont également ajoutées à toutes les intersections.

Des Zouaves et Saint-Gabriel deviennent des rues partagées

La Ville fait le choix de transformer les deux rues en rues partagées. Ce concept, dont on peut voir une première mouture dans la rue Sainte-Claire, met sur un pied d’égalité tous les usagers, qu’ils soient piétons, cyclistes ou automobilistes. La vitesse y est limitée à 20km/h et des aménagements spécifiques permettent le partage et l’accessibilité universelle de l’espace (en clair, il n’y a plus de séparation entre le trottoir et la chaussée). Les scénarios doivent encore être peaufinés, mais on a déjà une bonne idée de ce à quoi les deux rues vont ressembler visuellement. Les personnes empruntant ces deux axes devraient avoir l’impression d’être sur une place publique et non plus une chaussée traditionnelle.

En ce qui a trait à la rue Saint-Gabriel (de facto déjà une rue partagée l’hiver, le déneigement des trottoirs étant difficile), c’est le premier scénario présenté le 7 juin dernier qui a été retenu et bonifié. Les sens uniques sont maintenus de chaque côté de la rue des Zouaves. On retire 9 cases de stationnement (22 cases étant maintenues du côté nord), on ajoute 11 arbres à grand déploiement ainsi que des espaces de microverdissement le long des bâtiments. La rue étant partagée, les résidentes et résidents sont encouragés à s’approprier l’espace, non seulement en marchant dans la rue, mais également en installant chaises, bacs à fleurs ou autres à différents endroits de la rue. La réfection de la rue s’accompagne d’un réaménagement du coin Scott / Saint-Gabriel, visant à agrandir le Parc Marc-Boutin, en fermant le tronçon permettant de descendre la rue Scott vers la rue Saint-Jean (voir illustration ci-contre). Une nouvelle placette verra ainsi le jour. Le scénario est le même pour la rue des Zouaves, à la différence que toutes les cases de stationnement sont retirées pour faire place à la rue partagées, aux arbres et au microverdissement le long des bâtiments. Une soirée d’information relative à la placette Marc-Boutin et aux concepts finaux de rues partagées se tiendra au printemps 2023.

Des aménagements bien accueillis

Le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste (ComPop) a salué les aménagements proposé, rappelant du même souffle les nombreux projets déposés par les militantes et militants depuis plusieurs années. Pour Andrée-Anne Marcoux, membre du Conseil d’administration du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, “le travail de vulgarisation et de mobilisation effectué depuis des années par des militants et militantes du Compop porte aujourd’hui ses fruits. L’acceptation du discours à travers les années et l’adhésion de plus en plus grande envers des projets à échelle humaine favorisant la vie de quartier ainsi que les déplacements actifs et collectifs est une victoire pour l’ensemble du Faubourg”. Julien Roi, propriétaire de la boutique Vélo Roy-O et président de la Société de développement commercial, a de son côté souligné “l’amélioration par rapport à ce que l’on a maintenant” et Pierre Baillargeon, résident du quartier, a souligné le “bel équilibre entre les différents besoins”.

Interrogés quant à la possibilité réelle de s’approprier l’espace dans une ville où la culture du char est encore omniprésente, les promoteurs du projet ont tenu à être rassurants et encourageants. Pour Pierre-Luc Lachance, Conseiller municipal du district de Saint-Roch–Saint-Sauveur et responsable de la mobilité active au comité exécutif, “on a un changement de culture à apporter. On veut voir cette mentalité évoluer. Présentement, le nombre de rues partagées étant plutôt limité, on comprend que les habitudes sont plus longues à installer. On veut créer des réseaux de rues partagées. Plus on va en avoir, plus on va réussir à changer la culture”.

Plusieurs personnes se sont inquiétées du retrait de cases de stationnement, en particulier en fin de journée, lorsque des spectacles sont présentés dans les institutions culturelles du quartier, ou lors des grands événements comme le Festival d’été. Une problématique à laquelle la Ville est sensible et pour laquelle différentes études ont été faites avant de proposer le retrait des différentes cases de stationnement et les scénarios permettant de privilégier le stationnement résidentiel. Pour Julien Roi, le marquage au sol des cases de stationnement pourrait également offrir une solution pour optimiser le nombre de voitures qui peuvent se stationner.

Les suites

La Ville s’attelle désormais à produire les plans et devis, en vue de réaliser les travaux en 2023, pour les rues Lockwell et Claire-Fontaine, et 2024, pour les rues Saint-Gabriel et des Zouaves, qui exigent des travaux plus importants.
Pour être tenu au courant des travaux, vous pouvez également consulter la page du projet sur le site de la Ville.